L'histoire de l'abbaye Notre-Dame de Bonport commence par
une légende. Qu'elle soit
juste ou non, il est certain que c'est Richard Cœur de Lion qui a
fondé l'abbaye en 1189 ou 1190. Nous n'avons pas la charte de fondation, mais nous
avons une confirmation de février 1198.
Les moines vinrent de l'abbaye du Val (en Val d'Oise, près de
Pontoise), fondée en 1125. Elle aussi était dédiée à Notre-Dame. Ce
patronage rattache donc l'abbaye à la filiation cistercienne.
Elle n'a pas joué un rôle majeur dans l'histoire de la région. La
guerre de cent ans lui valut pertes et dommages qui furent réparés
grâce à un don royal en 1387. D'autres destructions découlèrent de
la guerre du bien-public.
L'essentiel des bâtiments avaient été construits dans le premier
quart du XIIIe siècle. Ils subsistent encore pour
l'essentiel. Les principales modifications remontent aux XVIIe
et XVIIIe siècles. Tout d'abord, la sacristie et la
bibliothèque furent agrandies. Puis le dortoir du premier étage du
bâtiment central fut cloisonné pour faire des "cellules"
individuelles. En 1732, un nouvel escalier, avec une superbe rampe en
fer forgé, fut construit et, entre 1732 et 1757, un nouveau cloître
vint remplacer le cloître médiéval.
Petit à petit, la pureté d'origine avait laissé place au bien être
et au luxe. Déjà, lors de la construction de l'église abbatiale, on
avait abandonné le chevet plat si caractéristique des églises
cisterciennes pour un déambulatoire avec des chapelles rayonnantes. La commende
fut un véritable fléau. Vingt trois abbés réguliers tinrent la
crosse avant que le roi disposât de l'abbaye pour récompenser ses
fidèles. Les treize abbés qui suivirent ne considéraient le
monastère que comme un bien de rapport (sauf peut-être Philippe
Desportes qui fut le seul à être inhumé dans l'église abbatiale)
Avant la Révolution Française, l'abbaye n'était plus que l'ombre
d'elle-même. Il n'y avait plus que six moines qui profitèrent de
l'interdiction des vœux pour déguerpir.
Devenue Bien national, l'abbaye est vendue le 2 avril 1791 pour 161.000
livres. L'acheteur, Alexandre de la Folie, transforme alors l'église,
le cloître et le bâtiment des convers en carrière de pierre.
Heureusement, le massacre s'arrête là. Transformée en résidence et
en exploitation agricole (ce qu'elle est toujours), elle devra attendre
la fin du XXe siècle et ses propriétaires actuels pour
retrouver tout son éclat. |