Conseils Municipaux depuis 1995

Fiche Conseil
 
Séance : 27/03/1997
Libelle : Circulation et stationnement. Mise en oeuvre d'une politique de partage de la voirie. Intervention
Document : 14bis.- M. André LETOURNEUR, Adjoint.- M. le Maire, chers collègues, Mesdames,
Messieurs, à la faveur des quelques délibérations que je vais vous présenter ce soir et qui ne sont qu'un point de passage obligé dans une politique un peu plus globale, je voudrais profiter de ce conseil municipal pour développer devant vous une partie de la politique des espaces publics telle que nous la pratiquons, telle que nous la mettons en application chaque jour dans la ville, et le faire de façon globale, parce que bon nombre de mesures tiennent du domaine de l'arrêté ou de décisions quotidiennes qui ne nécessitent pas de délibérations du conseil municipal.
Cependant, par souci de démocratie et par souci aussi de lecture d'une politique dans la globalité de son application, il apparaît quelquefois nécessaire de venir expliquer quel est l'ensemble du dispositif dans lequel les détails prennent place.
Aujourd'hui, je m'en tiendrai à l'angle fonctionnel, c'est-à-dire celui des différents modes de déplacement et de la place que notre municipalité cherche à leur accorder.
Le principe de base est l'idée de partage de la voirie. C'est ce principe que nous essayons de développer concrètement dans la ville et ce sont ses applications, telles que nous les concevons, que vous pouvez constater ici ou là. Partage de la voirie entre ses différents utilisateurs que sont les piétons, les cyclistes, les transports en commun, les automobilistes et même les camions. Ces différents utilisateurs doivent avoir, selon nous, une place différente dans un lieu où l'espace est rare et où il convient de faciliter les moyens qui
permettent le plus facilement d'accéder à la ville en utilisant le moins d'espace public possible. C'est pourquoi je les ai placés dans cet ordre : piétons, cyclistes, transports en commun, automobiles, camions.
Les piétons tout d'abord. Notre politique consiste à essayer de faire respecter les voies piétonnes, les trottoirs et les passages pour piétons au travers des chaussées. A plusieurs reprises, nous avons présenté des délibérations qui visaient à créer des surbaissés pour permettre à tous les piétons, c'est-à-dire y compris ceux qui utilisent des patins à roulettes, de se déplacer, qui permettent aussi aux personnes malvoyantes de traverser les carrefours à feux extrêmement compliqués, et ces dispositifs, petit à petit, sont mis en place sur
la voie publique.
Pour mieux protéger les voies piétonnes existantes, différents systèmes ont été mis en place ou le seront.
D'une part, vous aurez l'occasion de constater d'ici à quelques semaines un remplacement des panneaux signalant l'entrée et la sortie des voies piétonnes ; un modèle unique et complètement réglementaire de panneaux d'entrée et de sortie a été dessiné, commandé et sera posé par les services.
D'autre part, des expériences ont été tentées pour essayer d'enrayer la circulation des automobiles dans les voies piétonnes. C'est ce que vous pouvez voir en différents endroits, par exemple, au carrefour dit de la Crosse, croisement des rues Beauvoisine et de l'Hôpital ; ce carrefour a été coupé par des bornes, ce qui empêche désormais qu'il fonctionne comme un carrefour strictement automobile, comme c'était le cas il y a quelques mois encore ; la rue de l'Hôpital a en outre été mise en impasse au niveau de son croisement avec la rue des Arsins. Sur la rive opposée, vous avez, dans le quartier Saint-Sever, une place de la Verrerie qui a été également coupée.
Pour favoriser aussi l'évolution des piétons, nous avons fait marquer à nouveau au sol un nombre très important de passages pour piétons ; chacun avait eu l'occasion de remarquer que nombre d'entre eux n'étaient quasiment plus visibles. Il y en a hélas encore un certain nombre à refaire, mais, l'année dernière, ce sont plusieurs dizaines de passages pour piétons qui ont été rematérialisés au sol, soit par les équipes en régie, soit par des entreprises.
Dans la zone de l'hypercentre, nous avons commencé une expérience de mise en «zone 30» du secteur compris entre la rue de la République, la rue Jean Lecanuet, la rue Jeanne d'Arc et la rue du Général Leclerc. Une «zone 30» signifie, d'une part, que la vitesse autorisée est de 30 km/heure maximum - et non pas minimum -, et d'autre part, que, dans ces zones-là, les piétons sont prioritaires. Autrement dit, les automobilistes doivent se mettre en tête que, s'ils renversent un piéton, ils sont a priori responsables de l'accident qui survient.
En ce qui concerne les cyclistes, l'idée que nous avons développée et mise en application est double : protéger les cyclistes existants - car il en existe quelques-uns - et encourager d'autres à le devenir.
Pour cela, nous avons développé deux types de moyens. Il s'agit en premier lieu d'une installation, qui est un mobilier urbain, à savoir les vélo-parcs, qui présentent l'avantage de permettre d'attacher le cadre du vélo et non pas la roue - car sur les anciens systèmes on attache la roue et on se fait voler le cadre -.
Par ailleurs, il s'agit de la réalisation de parcours privilégiés d'accès à la ville, tels que ceux que vous voyez actuellement et qui s'étendent de l'Est de la ville, c'est-à-dire de DARNETAL, jusqu'à l'Ouest à DEVILLE, et du Nord - mais nous sommes pour l'instant au pied des collines - jusqu'au Sud, c'est-à-dire les limites du PETIT-QUEVILLY et de SOTTEVILLE-LES-ROUEN.
Des ambiguïtés peuvent naître ici ou là dans ce domaine, essentiellement liées au fait que les Rouennais ne sont pas habitués aux aménagements cyclables. En particulier, il existe un flou dans l'esprit de beaucoup de gens entre la piste cyclable, voie protégée pour l'évolution des cyclistes, mais qui est un procédé relativement abandonné partout où se font actuellement des aménagements cyclables, et la bande cyclable, qui est simplement une bande de largeur adéquate, marquée au sol pour bien indiquer sur la voie publique la place
qui est celle du cycliste par rapport à celle de l'automobiliste.
C'est surtout par l'intermédiaire de ces bandes cyclables que nous avons développé l'idée des itinéraires dont je viens de parler. L'ambiguïté subsistera tant que les travaux ne seront pas tout à fait terminés, et même encore après, le temps que les gens s'habituent à percevoir ces aménagements et à y voir des
cyclistes.
Troisième point : les transports en commun. Je crois que le point marquant de 1996, du point de vue des transports en commun, aura été la suppression des dalles dans les couloirs-bus, rues Jeanne d'Arc et Jean Lecanuet, pour la plus grande satisfaction des usagers et des riverains. Le plan de circulation en
cours d'étude devrait, dès septembre 1997, à l'occasion de l'ouverture de la station de métro-bus Palais de Justice, place Foch, et de la réorganisation du réseau de transports en commun, donner aux bus toute la place qu'ils devraient avoir dans les espaces urbains denses que sont ceux des centres rive droite et rive gauche de la ville de ROUEN, où ils constituent bien évidemment un des moyens d'accès les plus appropriés, avec les deux-roues et bien sûr la marche à pied.
Les automobilistes ne sont pas tenus à l'écart des efforts de la municipalité pour rendre la ville de ROUEN accessible et praticable. S'il est vrai que nous leur demandons d'appliquer les règles élémentaires de prudence, d'abord par rapport à la vitesse, et de vie en société, par rapport aux règles de
circulation et de stationnement, nous avons déployé des efforts notables.
Ils concernent, d'une part, l'état de la voirie, tant en 1996 où un travail sur 40 rues a été fait - notamment rues Lafayette, de la République et Jeanne d'Arc - qu'en 1997 où environ 8 ha de voirie auront été traités d'ici à la fin de l'année. Les automobilistes seront quand même les premiers bénéficiaires de cet effort, même si les marchands d'amortisseurs l'apprécieront moins.
D'autre part, nous faisons aussi des efforts pour le stationnement et l'accessibilité. L'idée de partage est aussi l'idée de clarté dans l'affectation des espaces utilisés. A ce titre, on peut considérer que mieux présenter les panneaux de voies piétonnes, de façon claire et lisible, contribuera aussi à la clarté pour les automobilistes, certains se plaignant souvent du manque de lisibilité des actuels panneaux.
L'idée de partage suppose aussi la suppression d'un certain nombre de pièges à automobiles, ou plutôt à automobilistes. C'est le cas de tous ces endroits où le stationnement était interdit quoique ne gênant pas. Nous avons demandé à ce qu'il soit, dans ces cas-là, clairement autorisé. Cela explique qu'ici ou là - et nous en avons quelquefois des réactions dans la presse - des gens se voient infliger des procès-verbaux et constatent que, quelques semaines après, le stationnement est devenu autorisé. Cela part d'une démarche systématique qui vise à autoriser le stationnement là où il était qualifié de gênant, mais où en fait il ne gênait pas. Cette opération de toilettage ne devrait pas aller au-delà de 1997.
La clarification porte aussi sur la situation dans certaines zones piétonnes où les autos étaient présentes 6 jours sans problème et où, le 7ème jour, avait lieu une opération de mise en fourrière. Pour de tels cas, nous souhaitons également la clarté : si ces espaces sont piétons, nous devons en interdire l'accès.
C'est le cas de la place de la Verrerie que nous voulons maintenir fermée à la circulation.
La situation s'y est améliorée de ce point de vue, même si ce n'est pas toujours facile de maintenir en état les bornes que nous plaçons.
C'est le cas également pour la rue de l'Hôpital, pour la rue de Ganterie... Nous avons aussi amélioré la situation place du Vieux-Marché ; s'il y a encore beaucoup de défaillances à cet endroit, il ne faut pas oublier qu'il y a un an et demi, nous avons supprimé un parking dit provisoire, mais qui était véritablement un appel aux automobilistes pour traverser la place du Vieux-Marché de part en part.
A l'inverse, nous n'avons pas non plus hésité, en termes de clarté et en termes de fonctionnement, à dépiétonniser un espace comme la place Henri Gadeau de Kerville, cette petite place coincée dans le secteur Saint-Sever entre des immeubles dans lesquels sont réfugiées un certain nombre
d'administrations et d'entreprises, toutes du domaine du tertiaire, ce qui signifie des rendez-vous et des visiteurs pour de courtes durées. Sur cette place, le stationnement se faisait de façon tout à fait anarchique et endémique,
car il était clair qu'il y avait ici un besoin de stationnement. Nous avons donc organisé ce stationnement, en lui donnant un statut clair, celui du stationnement payant sur voirie, pour faciliter les rotations, et de ce fait nous avons ainsi fait ranger correctement les automobiles et protéger les espaces réservés aux piétons en leur permettant d'évoluer en toute sécurité. Vous pourrez aller voir sur place et constater que la situation est beaucoup moins anarchique aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a quelques mois.
Donc moins de pièges et plus de clarté, et un fonctionnement réel des systèmes mis en place. Ainsi, pour le stationnement de surface, on commence dans cette ville à voir des places se libérer plusieurs fois dans la journée, là où on ne le voyait plus. Le système du stationnement payant sur voirie a été amélioré, grâce à une première heure moins chère et une deuxième heure beaucoup plus chère, invitant donc les automobilistes à ne rester qu'un court moment ; grâce aussi à une verbalisation plus active, mais dans le même temps à une baisse du nombre d'heures payantes dans la semaine, qui sont passées de 54 à 48 heures sans que cela gêne le fonctionnement de la ville, et à un retardement du moment où le stationnement devient payant le matin, puisqu'il est passé de 8 h 30 à 10 h 00, pour la plus grande satisfaction des riverains.
Mise en place également de nouveaux systèmes tels que - ce n'est pas mon collègue FARGE qui me contredira, lui qui se bat et qui réussit en ce domaine - la création du nouveau tarif de parking en soirée, qui permet pour 10 F de stationner son véhicule de 19 h 00 à 1 h 00 du matin. C'est effectif dans un
certain nombre de parkings, dont ceux de l'Hôtel de Ville et des Espaces du Palais.
Le travail de marquage au sol que nous avons entrepris sur différentes voies importantes de la ville, qui sont souvent des voies nationales ou départementales, s'inscrit aussi dans le cadre de notre volonté de bien marquer la place de chacun et ainsi de lui permettre d'évoluer dans de meilleures conditions de sécurité.
Parallèlement, nous luttons contre les comportements déviants en matière de conduite automobile, notamment par des aménagements techniques visant à lutter contre le stationnement gênant. C'est le cas de beaucoup des lieux visés par le programme d'aménagements ponctuels qui vous est soumis ce soir, mais ces aménagements techniques sont réservés aux demandes qui présentent un caractère d'intérêt général parfaitement défini, soit par le nombre de personnes touchées par les comportements en question, soit par la dangerosité absolue du comportement. Parfois d'ailleurs, la lutte contre ces comportements déviants conduit à des aménagements semi-lourds qui sont finalement une requalification d'espaces publics importants, comme c'est le cas ce soir pour la délibération touchant la rue François Couperin dans le quartier de la Grand'Mare.
Lors d'un prochain conseil, j'essaierai de vous exposer aussi les aspects esthétiques que nous essayons de mettre en oeuvre parallèlement, car nous pensons que l'ensemble des objets présents sur la voie publique a un rôle important dans la possibilité que peut avoir la Ville d'être classée ou non au patrimoine mondial de l'U.N.E.S.C.O., comme elle le demande toujours. Ce soir, vous avez déjà, par exemple, une délibération qui porte sur la réfection de barrières et de garde-corps ; elle est dans la droite ligne d'un travail que
nous avons entrepris et qui consiste, du point de vue patrimonial, à protéger les objets qui ont un rôle bien précis et, du point de vue esthétique, à les intégrer un peu mieux dans le paysage de la ville.
Tout cela nous conduit à des décisions qui sont très ponctuelles, mais je pense que ce petit exposé peut permettre à nos concitoyens de comprendre un peu mieux comment s'intègre chacune des mesures que nous prenons pour la ville, mesures qui souvent, je le répète, relèvent strictement des pouvoirs de police du maire et à ce titre sont prises par arrêté, et non par délibération.
 
Année : 1997
Catégorie : Solidarité - Logement - Santé - Sécurité
Page : 61
Rapporteur :
   
Débats :
   
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