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Fiche Conseil
 
Séance : 17/12/2014
Libelle : 2ème motion, présentée par le groupe UDI, Centre et Indépendants sur le thème de la politique municipale dans le domaine culturel
Document : Groupe UDI, Centre et Indépendants « Avec tous ceux qui aiment Rouen »
Motion
Rouen : quel projet et quelles ambitions pour la Culture ?

À l'heure où la CREA va devenir la métropole Rouen Normandie et où l'on débat, à tous les échelons, des moyens et des futures compétences de nos collectivités, notre groupe s'inquiète du manque d'ambition et de vision dans la politique culturelle portée par la majorité.
Chacun peut se réjouir de la vitalité du tissu culturel et artistique rouennais, avec des acteurs impliqués apportant à la ville un certain dynamisme, mais comme dans d'autres domaines, on peine à distinguer un projet clair et une vision d'ensemble capables d'emporter l'adhésion des Rouennais et des habitants de la future métropole.
Les grands musées de Rouen vont passer en compétence métropole, sans que l'on sache si ce transfert s'accompagnera d'un projet ambitieux de développement. Le programme du PS aux élections municipales évoquait la mise en place d'un fil rouge piétonnier entre le Museum et les musées des Beaux-Arts, de la Céramique et de la Ferronnerie. Qu'est devenu ce projet ?
Quel avenir pour l'enseignement de la musique, de la danse et du théâtre ? Rouen dispose d'un conservatoire de très grande qualité, mais des incertitudes planent sur son équilibre financier.
Parmi l'ensemble des actions et des institutions culturelles, nous devons maintenant définir nos priorités dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint, et savoir quelle vision de la Culture la Ville entend porter à l'avenir.
A cet égard, le coût et la pauvreté culturelle du déjà célèbre panorama XXL sont un signal négatif. Tout d'abord, l'idée initiale d'une exposition de grands formats pouvait être intéressante de même que celle d'un pôle muséal, mais on a privilégié la rapidité en achetant un concept clé en main. Par ailleurs, à l'heure où les institutions culturelles se débattent dans les difficultés financières pour maintenir une programmation variée et de qualité, consacrer plusieurs millions d'euros pour une attraction à l'avenir incertain est proche de l'indécence.
L'esthétique du panorama est critiquable, de même que son emplacement cassant la perspective de l'avenue Pasteur et la vue sur les grues du Hangar 106, un élément architectural fort du bord de Seine. Mais il y a plus grave. Quel message envoie-t-on quand on dépense de telles sommes dans un seul projet dont l'intérêt sur le plan culturel est tout à fait discutable ? Alors que les collectivités subissent une baisse importante de leurs dotations, dépenser ainsi à l'aveugle est irresponsable, d'autant qu'aucune étude prospective sérieuse n'a été menée pour mesurer la fréquentation de la structure. Ce n'est pas un pari audacieux, comme se plaisent à le répéter la CREA ou le groupe socialiste dans le dernier numéro de Rouen magazine, c'est une lubie dépensière qui condamnera de fait d'autres projets structurants pour notre territoire.
Quel message envoie-t-on en fixant le prix du ticket d'entrée à 9,50 € (y compris pour les habitants de la CREA) ? Est-ce là une politique d'accessibilité pour le plus grand nombre chère à la ministre de la Culture ? Quel message envoie-t-on quand on supprime purement et simplement l'espace h2o, ouvert en 2010, pour en faire un simple parcours d'introduction au panorama ? Ce musée interactif qui attirait de nombreux enfants grâce à son approche pédagogique de la science disparaît sans préavis, la CREA n'hésitant pas à écrire sur son site qu'il « s'ouvre à une nouvelle vie »...
Quelle est donc la politique culturelle de la majorité PS-EELV-PC ? Est-ce le panorama XXL, qui est une illustration parlante de la confusion entre culture et divertissement récemment dénoncée par le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles ? Le catalogue d'intentions décliné par le parti socialiste dans son programme des municipales ne peut cacher la faiblesse d'un projet peu enthousiasmant, sans axes forts et qui n'offre aucune projection dans l'avenir.
L'ambition d'une politique culturelle au XXIe siècle, c'est à la fois mettre la culture à la portée du plus grand nombre (en cela, le voeu de Fleur Pellerin affirmé ces derniers jours ne diffère guère du projet d'André Malraux), permettre à chacun d'exercer ses talents dans ce domaine, mais c'est aussi donner à chacun l'accès à une culture d'excellence.
Rouen s'endort, elle manque d'attractivité et le passage à la Métropole doit être l'opportunité de réfléchir à la manière d'apporter à la ville et à son agglomération une vitalité culturelle et artistique plus intense. Ce n'est pas le panorama qui suffira à faire venir les touristes et qui permettra à Rouen de rayonner d'avantage en France et en Europe.
Rouen dispose d'établissements structurants fréquentés par une population supra-communale. C'est notamment le cas du conservatoire, et si nous voulons que ces équipements soient préservés et développés à l'avenir, la majorité doit au plus vite les porter à l'échelle communautaire.
Par cette motion, face à l'absence d'une grande politique culturelle à Rouen et de priorités clairement établies, le Conseil municipal demande la mise en place d'états généraux qui rassembleront l'ensemble des acteurs culturels à l'échelle de la Métropole, afin de définir les objectifs prioritaires ainsi que les moyens et les synergies à mettre en place.
 
Année : 2014
Catégorie :
Page : 59
Rapporteur :
   
Débats :
   
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