Conseils Municipaux depuis 1995

Fiche Conseil
 
Séance : 18/04/2014
Libelle : Commémoration du bombardement de Rouen du 19 avril 1944
Document : M. le Maire : Mes chers collègues, conformément à ce que j'ai annoncé lors de la
conférence des présidents, j'aurai quelques mots préalables à ce conseil, par rapport à la date à laquelle nous sommes. Traditionnellement, le 19 avril de chaque année, une brève cérémonie a lieu, liée au bombardement survenu à ROUEN, le 19 avril 1944. Cette cérémonie n'a pas pu être organisée pour des raisons qui ne relèvent pas de notre fait, et j'ai souhaité, en accord avec les présidents des différents groupes, dire quelques mots au préalable avant d'observer une minute de silence.
Il y a 70 ans, dans la nuit du 18 avril 1944, notre ville a connu un épisode qui a sans doute été l'un des plus terribles de son histoire contemporaine. Permettez-moi de vous en rappeler quelques éléments.
Située au carrefour de nombreuses communications, ROUEN est un point stratégique pour l'occupant en 1944 et donc un objectif essentiel pour les Alliés. Cette nuit-là, peu après minuit, une première vague d'avions lance sur la gare de triage de SOTTEVILLE-LES-ROUEN et le centre-ville de ROUEN de multiples fusées éclairantes fixées à des parachutes qui descendent lentement. S'ensuivent trois vagues d'avions qui bombardent l'agglomération, se déplaçant du Sud au Nord. Une heure après, d'immenses incendies font rage de chaque côté de la Seine.
Ce sont plus de 4.000 projectiles qui ont été largués sur l'agglomération et qui auront enlevé la vie à plus de 800 Rouennaises et Rouennais. 20.000 personnes se trouveront dans une situation dramatique, blessées ou sans abri. Malgré les secours qui sont organisés rapidement, c'est, vous l'imaginez, un véritable désastre sur le plan humain et sur le plan matériel. Les incendies ont réduit
en cendres des quartiers entiers. Le centre historique a souffert : palais de justice, cathédrale, théâtre des Arts et de nombreux immeubles et maisons.
Il existe de nombreux témoignages de Rouennaises et Rouennais qui ont vécu cette nuit-là.
Ils sont tous plus effroyables les uns que les autres. Ils racontent la peur, l'angoisse dont ils ont été victimes. Ils évoquent ensuite le silence mortel, le calme épouvantable qui a suivi le moment du raid aérien. Puis, le bruit incessant des ambulances toute la nuit et une vision d'horreur au matin, d'une
ville meurtrie dans sa chair. Les clichés photographiques qui montrent cette ville anéantie sont nombreux.
Chers collègues, il n'existe plus aujourd'hui aucun survivant pouvant témoigner de l'horreur des tranchées entre 1914 et 1918. Les années passant, les personnes qui ont vécu la période de 1944, celles qui sont les témoins de cet événement, à ROUEN, un jour, peu à peu, auront toutes disparues.
Pourtant l'histoire, notre histoire, ne doit pas s'éteindre lorsque celles et ceux qui l'ont vécue disparaissent. Aussi est-il de notre devoir, à chacun d'entre nous, de transmettre et de faire vivre notre mémoire collective.
C'est le sens que nous donnons depuis plusieurs années à l'organisation de nos cérémonies commémoratives, en y associant des jeunes, en y faisant participer des enfants à travers la lecture de textes et de poèmes, avec la collaboration active des représentants de l'Education Nationale. C'est le sens, par exemple, que nous avons voulu donner ce matin avec une rencontre organisée pour commémorer ce soixante-dixième anniversaire dans cette salle du conseil municipal. Cette manifestation associait à la fois des témoins de cette époque ainsi que des enfants de l'école des Pépinières Saint-Julien et d'autres du conseil municipal des enfants. Pendant tout ce temps, avec la présence notamment de représentants associatifs de cette époque, ce moment a été placé sous le
signe de l'échange, de la transmission entre les générations, avec des enfants qui posaient des questions. Les personnes ayant vécu ces événements expliquaient aux enfants en répondant à leurs questions.
Mesdames et Messieurs, en mémoire de cet événement tragique pour notre ville, survenu le 19 avril 1944, et en hommage aux victimes, je vous demanderais maintenant d'observer une minute de silence.
(Le Conseil Municipal observe une minute de silence)
 
Année : 2014
Catégorie :
Page : 3
Rapporteur : Yvon Robert
   
Débats :
   
Retour