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Fiche Conseil
 
Séance : 27/05/2013
Libelle : 4ème motion, présentée par le groupe UMP Réussir Ensemble, relative au projet de construction d'une structure dite "Panorama de Rouen"
Document : Le Panorama de Rouen : un projet décalé des difficultés actuelles
En ces temps de ressources budgétaires limitées, il est de la plus grande importance de prioriser les dépenses utiles pour la ville.
Ainsi, la première priorité est l'emploi. Il peut être soutenu de manière directe (politique active) ou de manière indirecte, via par exemple un investissement dans les infrastructures (transport, télécommunication etc.). Ce sont ces dernières qui constituent l'attractivité d'un territoire.
Dans ce cadre, le projet du Panorama n'apparaît pas prioritaire pour améliorer la situation actuelle. En effet, les projections, même les plus optimistes, ne permettent pas de prévoir une amélioration de la vie des Rouennais et ce, face à une dépense de près d'1,8 millions d'euro par an sur 5 ans. Cette somme pourrait être mieux utiliser au service de la création d'emplois. Et les projections, habituellement retenues, permettent d'envisager avec cette somme de créer une centaine d'emplois publics ou bien même jusqu'à 500 emplois dans le privé.
Si la construction d'un Panorama à Rouen n'est pas critiquable en soi, son financement doit être revu. Ce projet n'est envisageable que si les fonds nécessaires sont réunis de manière privée par la voie du mécénat.
Prenant acte de ce projet, le conseil municipal de Rouen réuni le 27 mai 2013 :
• Fait part de sa grande inquiétude face à l'abandon de projets réellement structurants et d'avenir pour Rouen qui doivent être prioritaires.
• Demande que tout financement public concernant ce projet soit exclu
• Mandate monsieur le Maire pour inscrire l'emploi et les infrastructures dans les priorités de la ville
 
Année : 2013
Catégorie :
Page : 63
Rapporteur :
   
Débats : 4ème MOTION, PRESENTEE PAR LE GROUPE UMP REUSSIR ENSEMBLE, RELATIVE
AU PROJET DE CONSTRUCTION D'UNE STRUCTURE DITE « PANORAMA DE
ROUEN »
Mme Monique LEBRETON : (Lecture de la motion) En ces temps de ressources budgétaires limitées, il est de la plus grande importance de prioriser les dépenses utiles pour la ville. Ainsi, la première priorité est l'emploi. Il peut être soutenu de manière directe (politique active) ou de manière indirecte, via par exemple un investissement dans les infrastructures (transport, télécommunication, etc.). Ce sont ces dernières qui constituent l'attractivité d'un territoire.
Dans ce cadre, le projet de Panorama n'apparaît pas prioritaire pour améliorer la situation actuelle. En effet, les projections, même les plus optimistes, ne permettent pas de prévoir une amélioration de la vie des Rouennais, et ce face à une dépense de près de 1.800.000 E par an sur cinq ans. Cette somme pourrait être mieux utilisée au service de la création d'emplois. Et les projections, habituellement retenues, permettent d'envisager, avec cette somme, de créer une centaine d'emplois publics ou même jusqu'à 500 emplois dans le privé.
Si la construction d'un Panorama à ROUEN n'est pas critiquable en soi, son financement doit être revu. Ce projet n'est envisageable que si les fonds nécessaires sont réunis de manière privée par la voie du mécénat.
Prenant acte de ce projet, le Conseil Municipal de ROUEN, réuni le 27 mai 2013 :
- fait part de sa grande inquiétude face à l'abandon de projets réellement structurants et d'avenir pour ROUEN qui doivent être prioritaires ;
- demande que tout financement public concernant ce projet soit exclu ;
- mandate M. le Maire pour inscrire l'emploi et les infrastructures dans les priorités de la Ville. »
M. Guy PESSIOT : Comme vous vous en doutez, nous n'avons pas la même analyse frileuse que vous et ne voterons pas votre motion. D'abord, vous semblez confondre investissement et fonctionnement, lorsque vous dites qu'avec les sommes investies dans le Panorama, il serait possible de créer des emplois publics et cinq fois plus d'emplois privés. Le propre d'un investissement est qu'il n'est fait qu'une seule fois, alors que les salaires sont payés tous les ans et entrent dans les charges des collectivités pour longtemps. Il ne s'agit pas du même genre de dépenses.
Le Panorama projeté par la C.R.E.A. (Communauté de l'agglomération ROUEN-ELBEUF-Austreberthe) et la Région, avec l'aide du mécénat, sur le territoire de la ville de ROUEN, est un investissement avec un retour sur investissement raisonnablement rapide en termes financiers, d'image et d'attractivité. Ces panoramas de taille colossale, créés par l'artiste ASISI, rencontrent depuis leur création un très grand succès : près de 1.000.000 de visiteurs annuels pour le Panorama de BERLIN, 300.000 visiteurs tous les ans pour ceux de LEIPZIG et de DRESDE. L'enjeu pour nous est d'être les premiers en France à réaliser un tel équipement.
Le début du retour sur investissement pour ce type d'équipement culturel et de loisir se situe aux alentours de 75.000 visiteurs par an. Ce nombre de visites paie les frais de construction et de création artistique. Tout droit d'entrée au-delà de ce chiffre permet de rembourser l'investissement initial ou d'investir ailleurs. Même si nous ne réalisons pas les mêmes chiffres que les Allemands, nous disposons encore d'une marge importante pour ne pas nous tromper dans nos prévisions financières.
Vous dites que l'important, c'est l'emploi. Mais nous sommes tout à fait d'accord ! Tout ce que nous faisons pour rendre la ville plus attractive va dans ce sens. Ce projet va créer de nombreux emplois : directement, sur le site même, mais surtout indirectement, grâce à l'accueil dans les restaurants et les commerces de centaines de milliers de personnes qui ne seraient pas venues à ROUEN sans la présence de cette infrastructure d'envergure internationale que bien des villes de France vont nous envier. Les emplois liés au tourisme et aux loisirs sont tout aussi importants que ceux liés à l'industrie ou à la technologie. Il s'agit de l'un des secteurs qui crée le plus d'emplois et qui en créera encore demain.
Sur ce plan, ROUEN dispose de nombreux atouts. Notre chance notamment est la proximité de PARIS, première destination touristique mondiale, et la présence de 20.000.000 de personnes à moins de deux heures de notre ville. Sans négliger les autres filières, nous avons une carte importante à jouer dans ce domaine aux frontières de la culture, de la distraction et des loisirs. Les investissements que nous réalisons depuis plusieurs années pour aménager nos quais sur les deux rives, pour rendre le centre-ville plus agréable, pour accueillir nos artistes et leurs créations, pour rendre plus attractifs nos musées, pour animer la ville en toutes saisons, vont dans ce sens. Demain, l'ouverture de l'Historial Jeanne d'Arc et du Panorama nous fera encore monter d'un cran, nous classant dans les toutes premières villes de France en matière d'attractivité touristique, et même d'attractivité tout court. Ce beau résultat est à notre portée, même s'il reste également d'autres investissements à faire.
M. Jean-Michel BEREGOVOY : Beaucoup d'arguments ont été énoncés par M. PESSIOT. Le tourisme, c'est aussi l'attractivité et cela crée des emplois. Nous ne voterons doncpas cette motion. En revanche, je voudrais dire aussi que cet équipement aura du sens si nous pouvons l'atteindre facilement. Je relisais notre programme électoral de 2008, « ROUEN Motivée ». Etait inscrit, page 34, comme un des projets importants, une passerelle pour les piétons et les vélos entre l'avenue Pasteur et les quais. Ce projet aura du sens, je le répète, s'il est possible d'atteindre facilement ce lieu. C'est très important.
A propos de l'investissement, j'ai vu la droite moins tatillonne lorsqu'elle mettait des sommes importantes dans un P.P.P. (partenariat public/privé) sur l'éclairage public, dont nous allons payer longtemps le coût.J'ajouterai que, pour un projet de cette importance, une concertation aurait été souhaitable.
En effet, même si nous ne le finançons pas, il sera sur notre territoire.
Pour finir, il ne m'a pas échappé que le personnage de Jeanne d'Arc devenait dans notre ville très à la mode. Il va bientôt exister à la fois un historiai et ce panorama. Présenter exclusivement Jeanne d'Arc au nom de la modernité m'inquiète un peu. Certes, Jeanne d'Arc est érigée en modèle de patriotisme et de résistance pour les femmes, mais, même si cet aspect existe dans notre histoire, c'est peut-être un peu oublier toutes ces femmes qui ont aussi contribué largement à sauver la nation dans la résistance ou ailleurs. Et il s'agit souvent de résistance à l'usine, à l'école, dans les quartiers au quotidien. On les oublie.
Pour parler de la modernité de Jeanne d'Arc, le président du Comité rouennais d'hommage à Jeanne d'Arc, Jean-Pierre LEMERCIER a commencé son discours en citant Maurice BARRÈS.
A la fin, ce qui m'inquiétait était le fait que les élus devant moi ont tous applaudi ce discours.
Peut-être faut-il rappeler qui était Maurice BARRES : il était antidreyfusard, antisémite, leader de la droite nationaliste. S'il avait été anti-guerre avant 1914, il a été largement de ceux qui ont poussé à l'extrême le patriotisme qui nous a conduits vers le second conflit mondial, même s'il ne s'agit pas bien sûr de l'unique cause. Sur l'affaire DREYFUS, il avait ces mots que je vous laisse méditer : «Que DREYFUS soit coupable, je le conclus de sa race. ».Voilà ce que disait Maurice BARRÈS. Jean-Pierre LEMERCIER, dans son discours sur Jeanne d'Arc, nous a ramenés à ce qui était encore pour beaucoup de nos compatriotes cette modernité de ce combat du XVIème siècle.
M. Nicolas ZUILI : Nous n'avons pas d'a priori défavorable par rapport à cet équipement.
On nous a donné des chiffres en termes de fréquentation, 300.000 visiteurs escomptés, en sachant que le musée des Beaux-Arts en accueille seulement 100.000. Cela pose interrogation, mais pourquoi pas ? Avoir un équipement, c'est bien, mais encore faut-il le faire vivre. Là, il nous est présenté un panorama de la Rome antique avant que celui relatif à Jeanne d'Arc pour ROUEN soit peint. Quel est le rapport avec ROUEN ?
L'interrogation la plus pertinente en ce qui nous concerne est l'endroit où vous entendez le construire. L'annonce de ce panorama a été faite par le président de Région et le président de la C.R.E.A. sans que le Maire de ROUEN soit présent. Il s'agit tout de même du territoire de la commune. Ce projet est donc placé le long du hangar H2O, dans la perspective que vous avez mise en place lors de votre mandat précédent de cette avenue Pasteur qui descend vers la Seine. On a même fait sauter un hangar pour qu'il existe une vue sur la Seine. Ce bâtiment va faire 12 étages. Il n'existera plus aucune perspective sur la Seine. Rappelez-vous de cet Hoverspeed qui a été stationné en période d'hivernage à côté des hangars. Il écrasait la vue que nous pouvions avoir sur la Seine et faisait l'équivalent de cinq ou sept étages. Là, nous aura 12 étages. Est-ce le plus judicieux à cet endroit ?
A propos de l'emploi, je suis d'accord avec M. PESSIOT. Nous avons notre épingle à tirer dans le tourisme. Il se passe des choses sur notre territoire. L'Historial Jeanne d'Arc est une très bonne chose.
Nous nous abstiendrons sur cette motion car nous pensons que ce projet peut avoir son sens, mais nous avons énormément d'interrogations par rapport à son lieu d'implantation.
M. Didier CHARTIER : Nous avons appris ce projet par la presse. Pour le moment, nous ne souhaitons pas nous engager sur le débat. Il aura lieu en son temps, nous l'espérons, à la C.R.E.A. et à la Région. Outre le fait que nous aurions souhaité que les élus aient la primeur de l'information, le montage financier est posé et méritera d'être mieux connu. Quelle sera l'articulation entre les collectivités publiques et le financeur privé ? Sous quelles formes ? Nous avons été très critiques sur le naming du Palais des sports. Nous attendons donc d'avoir des éléments pour nous prononcer sur cette question. Nous ne voterons pas cette délibération.
M. Nicolas ZUILI : M. le Maire, je réitère ma demande sur le lieu d'implantation.
M. le Maire : Premièrement, cette implantation est provisoire. Ensuite, le lieu exact de l'implantation par rapport à l'avenue Pasteur n'est pas encore déterminé. Et 24 mètres de haut ne font pas douze étages, mais six tout au plus. Le bâtiment sera plus haut qu'un hangar, mais tout dépend de la manière dont il est conçu et de sa texture extérieure. Je n'ai a priori pas de refus de construction haute sur ce secteur. Je précise que les représentants de tous les groupes politiques avaient été invités à l'annonce. Je n'ai pas pu m'y rendre ce jour-là pour des raisons privées.
M. Monique LEBRETON : Je précise que nous ne sommes pas contre ce Panorama, mais pour un financement privé. De plus, lorsqu'un bateau un peu haut, mais moins haut que les hangars, vient se mettre à l'endroit où est prévue l'installation, les conseillers de quartier ne manquent pas de se plaindre de la vue bouchée. Je n'ose imaginer les remarques lorsqu'il existera beaucoup plus haut.
M. le Maire : Nous aurons le temps de reparler de tout cela, y compris de l'emplacement exact. Qui est d'avis d'adopter cette motion ?
La motion est rejetée
(43 voix contre : groupe des élus socialistes et apparentés, groupe des élus Europe Ecologie Les Verts et apparentés, groupe des élus communistes et citoyen)
(4 voix pour : groupe UMP Réussir Ensemble)
(7 abstentions : groupe ROUEN Perspectives)
   
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