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Fiche Conseil
 
Séance : 23/11/2012
Libelle : Communication sur la situation du pont Mathilde
Document : M. le Maire : Comme nous en avons convenu, nous avons prévu d'évoquer la situation créée à ROUEN par la fermeture du pont Mathilde à la suite d'un accident.
Je ne reviendrai pas sur ce qu'il s'est passé. Vous connaissez tous la situation et je suis sûr que chacun ici comprend les difficultés rencontrées au quotidien par nos concitoyens. Je tiens à remercier tous ceux qui ont fait des efforts personnels depuis trois semaines, notamment pour changer leur comportement en matière de transport et ainsi éviter que ROUEN ne soit asphyxiée.
Nous connaissons tous la problématique. Le pont Mathilde représentait 80.000 véhicules par jour en moyenne, ce qui signifie qu'il existait des pointes supérieures à 80.000. Les autres ponts urbains tournent à 10.000 pour Boieldieu et Jeanne d'Arc et à 50.000 pour Guillaume le Conquérant. Les ponts urbains ne peuvent pas absorber les véhicules ne passant plus sur un pont Mathilde qui était fondamentalement un pont routier.
Nous n'avons pas encore les informations suffisantes pour savoir combien de temps cette fermeture va durer. De toute façon, cela se comptera forcément en mois. Aucune certitude n'existe pour l'instant sur les durées réelles. Une hypothèse a été évoquée d'une ouverture sur deux voies du pont Mathilde.
 
Année : 2012
Catégorie :
Page : 10
Rapporteur : Yvon Robert
   
Débats : M. le Maire : Dans cette situation particulièrement délicate pour nos concitoyens, la Ville s'est naturellement associée dans son travail avec les autres collectivités et l'Etat, pour y faire face.
Elle a mis en place et traité ce qui relevait de sa compétence, à la fois en termes d'observation et de prise de décisions ponctuelles et régulières, notamment en ce qui concerne les cycles des feux tricolores et la gestion par la police municipale — pour le personnel concerné, régler tous les matins et tous les soirs la circulation est une tâche particulièrement difficile —. Nous avons également mis des informations sur le site Internet de la Ville, qui suscitent depuis quelques jours beaucoup de visites. Nous avons aussi fait en sorte d'adapter les travaux de rénovation de voiries que nous avions prévus. Nous avons en effet estimé qu'il était difficile de fermer des rues dans ce contexte de circulation. Les trois chantiers qui étaient urgents et nécessaires sont en train d'être réalisés de nuit.
Par ailleurs, nous nous sommes associés à tout ce que mène la C.R.E.A. (Communauté de l'agglomération ROUEN-ELBEUF-Austreberthe) en matière de transports en commun. Ce qui se passe depuis quinze jours sur les transports en commun est tout à fait exceptionnel en termes d'augmentation de la fréquentation, quasi exclusivement sur des sites protégés. Ainsi, le métro voit sa fréquentation augmenter de 15 à 20 %. Le T.E.O.R. (Transport Est-Ouest de ROUEN) continue sur sa lancée de 6 à 10 % d'augmentation chaque année. Celle de la ligne 7 a fait un bond exceptionnel par rapport à la même date de l'année dernière. Aujourd'hui, la décision la plus importante que nous ayons à prendre dans ce domaine est de protéger exclusivement les sites propres, qui sont la seule source d'efficacité du transport dans l'agglomération. D'ores et déjà, entre 8.000 et 10.000 automobilistes ont renoncé à leur voiture individuelle pour venir travailler chaque jour.
La Ville est également attentive à la vie économique rouennaise, et notamment au commerce durant cette période de Noël. Nous allons, pour les trois parkings gérés par ROUEN Park, proposer aux usagers un forfait à 2 E la journée durant les trois week-ends précédant les fêtes. Il existera ainsi des facilités pour ceux qui ont besoin de leur véhicule au moment des courses de Noël.Je ne veux pas monopoliser la parole sur ces éléments d'intervention. Chaque groupe peut maintenant s'exprimer sur le sujet.
M. Nicolas ZUILI : Fin octobre, en plein trafic, un camion-citerne a pris feu sur le pont Mathilde, au coeur de la ville. Ce poids lourd transportait 22.000 litres de gazole et 9.000 litres de super. Cet accident spectaculaire n'a heureusement fait aucune victime, alors qu'il aurait pu engendrer quelque chose de très grave. Pourtant, par ses conséquences, il va perturber pendant des mois la circulation et la vie dans notre agglomération.Au vu de ce que vous venez de nous dire et de ce que nous avons pu constater sur les photos que chacun aura pu voir, la solidité du pont pourrait être affectée. Toute la fragilité du réseau routier de l'agglomération nous apparaît aujourd'hui, cruellement. Un accident de cette nature est toujours possible et les moindres travaux sur un axe primordial — nous l'avons vu récemment avec ceux réalisés sur le carrefour de la place Saint-Paul, par exemple — perturbent également toute la circulation. Les conditions de vie des habitants se trouvent donc affectées par une dégradation del'air, une augmentation du bruit, un équilibre fragile des déplacements urbains qui se trouve mis à mal, avec des conséquences économiques, environnementales et sanitaires vraisemblablement gssi elles devaient perdurer.
Nous savons — et vous l'avez dit — que cette situation va durer, avec des conséquences que nous constatons déjà sur une désaffection du centre-ville. Nos commerces paient un lourd tribut.
Lorsque l'économie va mal, l'emploi en pâtit également.
Le plan de circulation émis par le préfet a pour objet de faire face à l'urgence de la situation.
Nous devons admettre que, collectivement, au travers des mesures prises par la Ville et l'Agglomération, la situation est bien gérée. Nous tenons d'ailleurs à saluer ici le travail fait par nos agents de police municipale, qui est un travail ingrat face à l'énervement de certains automobilistes.
Nous tenons ici à les mettre en avant. Nous ajoutons même un grand merci à l'équipe municipale précédente, qui, par le P.P.P. (contrat de partenariat public/privé), a remis aux normes les feux tricolores et leur gestion par un poste de contrôle opérationnel qui permet aujourd'hui d'organiser à distance la coordination du trafic.
Mais nous ne devons pas occulter la question de fond : comment éviter la circulation de transit des poids lourds au coeur de notre ville ? Ni le pont Mathilde, ni le pont Gustave Flaubert, ni même le pont de Brotonne vieillissant ne peuvent répondre à cette exigence. Plusieurs mesures s'imposent. A brève échéance, et de façon pragmatique, nous devons étudier l'impact des premières mesures prises de façon régulière et, si besoin est, adapter le plan de contournement de l'agglomération pour atténuer les conséquences de la fermeture du pont Mathilde. Le trafic de transit doit être détourné des zones habitées. Dans les limites de la ville, il convient aussi de corriger certaines bévues récentes comme des sens interdits ineptes, des feux tricolores surajoutés comme celui de la route de Neufchâtel. Même réflexion en ce qui concerne le transfert du marché des Emmurées sur le cours Clemenceau, qui expose à un certain nombre de problèmes en bloquant une artère vitale pour la circulation.
Nous devons engager rapidement, de façon durable et pérenne, des actions sur les déplacements doux au sein de l'agglomération. Il faut inciter nos concitoyens à laisser leurs véhicules au garage, par des transports en commun conséquents et adaptés, des parkings relais, des tarifs attractifs, une politique vélo ambitieuse, de vraies pistes cyclables. Nous saluons la mise en place par la C.R.E.A. d'une carte Astuce avec 20 transports gratuits ou la mise en place par la Ville du site Internet Trafic.Rouen. fr. Cependant, M. ROBERT, quand on est dans sa voiture, consulter un site Internet tout en conduisant n'est pas des plus sûrs.Sans attendre, comme nos collègues Verts l'appellent de leurs voeux dans leur motion, la réalisation du tram-train entre BARENTIN et ELBEUF doit être remise à l'étude, comme la reprise de la liaison ferroviaire entre EVREUX et ROUEN, afin de favoriser les déplacements domicile-travail.
La question se pose aussi dans ces conditions de l'accueil et de la bonne tenue, en 2013, de manifestations majeures comme « L'Armada », « Normandie Impressionniste », les « 24 Heures motonautiques », utiles pour l'attractivité de notre territoire et donc pour notre commerce. Il convient d'organiser très largement en amont, voire de prendre des décisions difficiles pour ne pas se voir contraint d'annuler in extremis une manifestation majeure pour notre ville.
Au-delà de l'urgence, il faut réaliser le contournement Est de l'agglomération. Ce dossier est aujourd'hui au point mort, malgré la présence de plusieurs personnalités locales au sein du gouvernement. L'obstacle financier peut être surmonté avec une formule de concession étalée sur cinquante ans, par exemple. Pour les habitants de l'agglomération, un tarif préférentiel de péage pourrait être mis en place, comme l'ont fait d'autres grandes villes. Alors que s'est tenu à PARIS un nouveau colloque sur l'avenir de l'axe Seine, le Grand PARIS ne saurait absorber l'essentiel des efforts en matière d'infrastructures de transport. Assurer la continuité autoroutière est notre priorité.
D'autres perspectives doivent également être étudiées à l'Ouest de l'agglomération. L'urgence du contournement de ROUEN est aujourd'hui évidente. Il s'agit d'une question d'intérêt public qui doit rapidement trouver une réponse.
Enfin, il semblerait que l'entreprise de transport qui va être mise en cause dans l'incendie du pont Mathilde et des véhicules de forains en contrebas envisage de se retourner contre la Ville, dans la mesure où il existerait en principe une interdiction de stationnement des véhicules en dessous du pont et que la fragilisation du pont aurait été moindre s'il ne s'était déroulé qu'un incendie en surface de celui-ci. J'espère me tromper et que nous ne serons pas mis à mal dans nos finances par un accident dont nous ne sommes pas responsables.
Une autre interrogation concerne les nouvelles rames de métro qui, trop lourdes et patinant sur les rails, provoqueraient des microfissures sur le pont Jeanne d'Arc. Nous confirmez-vous cela ?
M. Edgar MENGUY : Nous sommes confrontés à une situation inédite et particulièrement grave pour notre ville et notre agglomération. Je commence par me réjouir que le bilan humain n'ait pas été plus grave ; c'est une chance. Je m'associe aussi à tous les habitants qui subissent quotidiennement les conséquences de cet accident. Je me joins également aux remerciements envers le personnel municipal, qui met tout en oeuvre pour tenter de diminuer l'impact de cet accident. Je remercie les services de secours et d'incendie qui, par la rapidité et l'efficacité de leur intervention, ont permis que le bilan soit ce qu'il est aujourd'hui.
Cet accident pose beaucoup de questions, et d'abord celle du transport des marchandises dangereuses dans la ville et l'agglomération. Réjouissons-nous qu'il n'ait pas eu lieu sur une place de la ville ou sur un quai. Le trafic des camions en centre-ville pose question depuis longtemps.
Nous soutenons de longue date le projet de contournement Est de ROUEN qui en éloigne les risques. Il a sans cesse été repoussé, pour des raisons qui parfois paraissent sans rapport avec la gravité de ce qu'il se passe aujourd'hui. Nous continuons à appeler de tous nos voeux la réalisation de ce contournement et nous souhaiterions que le conseil municipal s'associe très largement à cette demande.
Cet accident est révélateur de la fragilité dans laquelle se trouve aujourd'hui la ville de ROUEN, du fait des problèmes récurrents de circulation qui ne font que s'aggraver au fil des années. Toutes les villes essaient de réduire la présence des voitures dans le centre-ville, mais la plupart se sont dotées préalablement des infrastructures pour le faire. A ROUEN, construire le contournement n'a pas été voulu. En revanche, des mesures de plus en plus drastiques de réduction et de blocage de la circulation sont prises. Il faut remettre les choses dans le bon sens.
Nous demandons donc que le conseil municipal appuie cette demande de contournement et accomplisse les démarches possibles pour que ce projet aboutisse. Nous demandons que nous prenions collectivement l'engagement de mettre en place un moratoire sur toutes les décisions de restriction de voirie tant que ce contournement ne sera pas réalisé. II s'agit d'un point majeur pour notre ville. Je parlerai tout à l'heure des commerçants de ROUEN, qui sont dans une situation difficile et qu'il faut également entendre.
Construire une ville consiste à maintenir des équilibres. L'accident du pont Mathilde sera, je l'espère, l'occasion pour nous tous de prendre collectivement conscience de l'équilibre à rétablir entre circulation, volonté de réduction de la place de la voiture, développement économique et attractivité de la ville.
M. Matthieu CHARLIONET : Pour commencer, nous pouvons nous féliciter de l'attitude responsable et citoyenne de très nombreux usagers de notre agglomération. En faisant le choix de l'utilisation de transports en commun ou de modes de déplacements doux, les habitants de nos communes ont permis d'amoindrir l'asphyxie complète de nos réseaux routiers, même si les difficultés sont toujours bien présentes. Cette situation nous oblige à trouver dès maintenant, mais aussi pour du plus long terme, des solutions pérennes, permettant de fluidifier le trafic et de rendre la vie plus facile pour les usagers. Nous avons aussi la responsabilité de mettre en place des dispositifs permettant de faire baisser de manière significative la pollution atmosphérique résultant de la circulation automobile.
S'agissant du groupe des élus communistes et citoyen, nous avons fait part de nos propositions et nous nous félicitons de voir certaines d'entre elles prendre corps dans l'opinion publique, sur les réseaux sociaux, mais aussi chez certains décideurs politiques.
Je pense — vous l'aurez compris — à la gratuité des transports en commun. La notion de gratuité interroge souvent, et à juste titre. Le sens donné à cette gratuité doit être considéré comme un moyen nouveau et différent de se déplacer et de vivre ensemble. Cela ne doit pas s'apparenter à une opération de marketing. Il s'agit d'établir un nouveau contrat social entre les opérateurs des transports en commun et les usagers. Il s'agit d'une transformation du service public qui est recherchée, d'une alternative à une société de plus en plus «marchandisée », d'une modernisation qui doit être appréhendée de façon responsable et économiquement viable.
La gratuité des transports en commun est un choix politique qui a montré des résultats extrêmement positifs là où il a été fait. En effet, partout où les transports en commun sont gratuits, ont été constatées une augmentation de la fréquentation, une productivité améliorée et une meilleure condition du mieux-vivre ensemble. En proposant la gratuité d'un nombre de voyages limité avec la carte Astuce, nous avons là un premier geste qu'il conviendrait d'amplifier. Mais, pour cela, nous demandons que l'engagement pris par le président de la C.R.E.A. soit tenu. Il avait par écrit donné son accord à la réalisation d'une étude de faisabilité de la mise en oeuvre de la gratuité des transports en commun dans notre agglomération. Nous devons bien étudier les paramètres financiers permettant une faisabilité économique. En effet, la gratuité a un coût pour les collectivités, comme ont un coût les écoles, les établissements culturels, la voirie, etc. Nous ne pouvons donc nous engager dans la gratuité sans en étudier tous les aspects.
De plus, nous pensons inconcevable de ne pas s'appuyer sur le ferroviaire. Nous avons un réseau ferroviaire dense dans notre agglomération, un savoir-faire, des salariés nombreux. Tout cela doit nous permettre de développer des systèmes efficaces pour les usagers et une orientation vers le ferroviaire des flux de marchandises empruntant actuellement les routes. L'utilisation des T.E.R. (Transports Express Régionaux) doit être renforcée pour des liaisons desservant dans l'agglomération. Les trams-trains doivent devenir une priorité.
Avec le triage de SOTTEVILLE-LES-ROUEN, nous avons un véritable outil au service du développement économique de l'agglomération rouennaise et plus généralement de notre région.
Cependant, les décisions actuelles prises par la S.N.C.F. ne vont absolument pas dans le sens d'un rééquilibrage et d'un retour vers une part modale ferroviaire significative. Bien au contraire, nous constatons un affaiblissement continu du potentiel de triage de SOTTEVILLE-LES-ROUEN. Le comité de défense de la gare de triage nous a fait part de propos tenus récemment par la direction de la S.N.C.F., laissant entendre des menaces encore plus conséquentes sur la desserte ferroviaire du port de ROUEN. Il s'agit d'une aberration. La S.N.C.F. doit stopper immédiatement son travail de sape de l'outil économique fondamental que représente la gare de triage de SOTTEVILLE-LES-ROUEN.
D'autre part, les collectivités et l'Etat doivent aussi s'engager à la mise en place d'un contournement de notre agglomération, soucieux de l'intérêt de nos populations, de leur cadre de vie ainsi que du respect du cadre naturel, permettant de faire passer les poids lourds à l'extérieur de l'agglomération rouennaise. L'exigence de sa réalisation étant de la plus grande actualité, le temps de l'action est venu. Cependant, il ne doit pas couper les zones d'activité Seine-Sud, ni entraver son développement potentiel. Le fleuve est, pour sa part, un axe dont nous devons exploiter toute la potentialité en matière de transport des marchandises.
D'autre part, nous demandons de solliciter auprès de l'Etat une aide exceptionnelle d'urgence pour couvrir en partie les frais liés à la remise en état du pont Mathilde. Comme l'ont fait les élus communistes, la Ville pourrait s'adresser au gouvernement pour demander cette aide financière, car les collectivités auront du mal à supporter à elles seules le coût des travaux à venir.
Pour terminer, nous proposons que s'engage dès maintenant, avec des universitaires et Air Normand, une étude sur la qualité de l'air avant et après cet accident. Cela permettrait d'analyser les effets obtenus en matière de production de polluants, par les modifications des comportements des usagers de la route. Cet apport scientifique nous sera bien utile pour l'avenir. Merci.
M. Jean-Michel BEREGOVOY : Je voulais commencer mon propos en disant que ce malheureux accident nous a précipités dans une nouvelle ère à ROUEN. Après avoir rencontré, comme vous tous, bon nombre de Rouennais qui subissent au quotidien ce qui s'est passé ce jour-là et après avoir entendu vos interventions de ce soir, je me disais que la conscience de ce changement d'ère était plus forte chez les habitants que chez les élus de notre Ville. Je peux d'ailleurs m'étonner que, devant une telle unanimité sur le contournement Est, il n'y ait pas eu de motion sur ce sujet.
Quelqu'un du conseil municipal me disait, l'autre jour, que ce contournement Est n'existait pas à cause de nous, écologistes. Si nous avions eu ce poids depuis des années, alors, je lance un
appel aux Rouennaises et Rouennais pour l'avenir : faites confiance aux écologistes pour transformer votre ville, ils ont une force considérable, puisqu'ils ont réussi, seuls, à éviter ce contournement ! Il existerait peut-être autre chose. Je me suis demandé en effet qui, ces dernières années, était à la tête du Schéma national d'infrastructures de transport. Il s'agit de Jean-Louis BORLOO. Je me suis dit qu'il avait dû adhérer, sans que je le sache, à Europe Ecologie Les Verts, puisque, pendant toutes ces années, en écologiste convaincu, il a courageusement empêché ce projet que tout le monde défend ici.Je suis un peu surpris. Rien ne vous empêche de passer à l'acte. Vous avez les pouvoirs partout, souvent. Alors, faites-le. Expliquez aux gens qu'il faudra vingt ans pour faire ce contournement et que cela coûtera un milliard d'euros. Aujourd'hui, je n'ai entendu personne dire que l'urgence était le raccordement du pont Gustave Flaubert et de la voie rapide Sud III. Nous pourrions le réaliser rapidement et à moindre coût. Auriez-vous oublié ? J'espère que tel est le cas, sans quoi vous ne répondriez pas à l'urgence effective.
Ici, dans cette salle, Guillaume GRIMA a toujours expliqué que, s'agissant des poids lourds qui sont une calamité pour ROUEN, il suffisait de leur interdire l'accès à l'A.28 à partir de l'échangeur du Pucheuil, afin de réduire massivement les nuisances. On prétendait alors que c'était impossible, comme il était impossible, il y a quelques mois, d'avoir plusieurs milliers de places supplémentaires dans les parkings relais. Aujourd'hui, voilà une catastrophe et les choses deviennent maintenant possibles. Les personnes nous disent que la ville sans camions est agréable et le maire de ROUEN — et nous le soutenons — affirme : «J'ai la volonté de rendre définitive ce fait-là. » Cela a été rendu possible sans contournement Est.
Certains d'entre vous ont été au pouvoir. Pourquoi alors n'avez-vous rien fait pour ce contournement que vous réclamez tous ? Certains élus n'en veulent plus quand on leur apprend qu'il doit traverser leurs communes. C'est comme pour la nouvelle prison : c'est bien chez l'autre, mais pas chez moi. Je pense qu'il faut avoir de la cohérence quand on défend un projet de cette nature. Si ce contournement est utile, vous avez les moyens de le défendre et de le faire passer où bon vous semblera. Et nous le combattrons, pour notre part. Mais ne faites pas croire ici que, pendant toutes ces années, quelques écologistes auraient empêché les choses de se faire.
Les comportements ont changé, les camions sont interdits en ville et il faut que cela demeure. Nous, écologistes, avons défendu, initié et coproduit au sein de la C.R.E.A. l'aménagement de la ligne 7. Heureusement ! Comment se fait-il que cette ligne, qui est aujourd'hui devenue une ligne de survie, n'ait pas été pensée avant ? Tout le monde comprend bien la nécessité de renforcer les transports en commun. Je me rappelle que, dès 2001, certains d'entre nous réclamaient déjà le doublement des capacités des rames de métro. Il a eu lieu, et tant mieux, mais cela aurait pu se produire six ou sept ans plus tôt. Quand nous apprenons qu'aujourd'hui 19.000 validations supplémentaires de titres de transport en commun par jour sont faites dans notre agglomération, oui, nous pouvons dire que nous sommes en train de changer d'ère.
Ces constatations indiquent que notre retard en termes de transports en commun est en train de se combler ; il reste absolument vital de continuer et d'amplifier cela. Nombreux sont ceux qui ont changé leurs habitudes, et telle est la réponse à apporter. Il y a eu les réponses conjoncturelles, je félicite ceux qui les ont prises, en particulier Yvon ROBERT qui a tenu bon face à la Chambre de Commerce et d'industrie, au Port, etc. Elles étaient nécessaires, et cela dans l'urgence. Maintenant, nous pensons qu'il faut avoir aussi des propositions structurelles dans la durée.
Nous avons déposé une motion d'urgence sur la question. Dans cette motion, nous
demandons au conseil municipal que soient étudiées, par tous les acteurs concernés, une série de suivantes.
(Lecture de la motion)
« Mesures d'urgence à court terme :
- l'accès des vélos aux voies T.E.O.R., l'augmentation des parkings/arceaux pour les vélos
et la mise en oeuvre du Schéma Directeur des Aménagements Cyclables ;
- l'extension à deux heures du temps de validité du ticket après son utilisation ;
- mettre en place un groupe de travail pour l'élaboration d'une grille tarifaire sociale des
transports en commun ;
- rappeler aux entreprises et administrations l'obligation de fmancer à hauteur de 50 % les
abonnements aux transports en commun pour leurs salariés ;
- doter la ligne 21 (qui dessert le plateau Est) d'un couloir aux abords de ROUEN, qui
permettrait d'accélérer la rotation des bus ;
- l'amélioration de l'amplitude horaire et la fréquence des lignes de bus structurantes ;
- développer des aires de covoiturage ;
- engager ROUEN dans la démarche « Ville 30 » et poursuivre la refonte du stationnement ;
- relancer le travail sur le « bureau des temps », la problématique des horaires et leurs impacts sur la circulation.
A plus long terme, le conseil municipal souhaite que le débat soit ouvert et des études menées sur des propositions telles que :
- la réalisation de l'unification tarifaire sur le modèle «Atoumod », en y intégrant les CY'CLICS et les VELO'R ;
- la réouverture et le renforcement de gares S.N.C.F. : DARNETAL, OISSEL, ROUEN Rive gauche, SOTTEVILLE-LES-ROUEN et MALAUNAY » (Je rappelle à cet égard que, lorsqueM. BORZOO a fait son Grenelle de l'environnement, le jour même, des gares importantes de fret fermaient sur notre territoire.)
« - modifier le Contrat d'Agglomération, pour le rendre plus ambitieux sur le développement des transports en commun, avec de nouvelles lignes structurantes de type T.E.O.R. et des liaisons interurbaines entre ELBEUF et BARENTIN ;
- intégrer dans le P.D.U. (Plan de Déplacements Urbains) en cours d'élaboration l'ensemble de ces propositions [...] ;
- et enfin, le raccordement du pont Flaubert et de la Sud III pour finir le contournement Ouest, correspondant aux besoins de la zone industrielle et du port placé à l'Ouest de notre ville. »
Voilà du concret. Pour moi, il faut s'en donner les moyens. Ici et ailleurs, il faut changer d'ère. L'Histoire nous l'a imposé. Prenons le sens de l'Histoire et allons de l'avant.
M. le Maire : Merci. Quelques remarques, sans vouloir conclure, par rapport aux questionsposées.
Nous soutenons totalement le contournement Est. Il n'est pas au point mort, puisqu'à la suite de la réunion qui a eu lieu entre les collectivités, il y a quelques semaines, l'Etat continue les études permettant d'aboutir d'ici trois ans à une déclaration d'utilité publique. Vous savez comme moi que ces études sont longues, mais l'Etat est en train de les mener.
Nous considérons effectivement qu'aujourd'hui, le raccordement entre la Sud III et le pont Gustave Flaubert est une priorité. Le tracé exact est totalement défini et les études sont en cours.
Une ouverture peut être possible fin 2019.
La seule solution pérenne dans laquelle nous devons tous nous mobiliser est une politique volontariste de transports en commun. Telle est la raison pour laquelle nous soutiendrons, au moment du vote, la motion proposée par Europe Ecologie Les Verts. Nous avons estimé en effet que toutes les études qui pouvaient être menées dans ce domaine sont intéressantes et doivent être menées, même si nous savons qu'à l'issue des études, tout ne sera pas réalisable en même temps ou possible financièrement. Il faudra donc qu'il existe des hiérarchies de décisions.
Je considère qu'il faut rester extrêmement ferme — et cela n'est pas facile — sur les décisions prises par l'Etat au sujet des camions.
Les manifestations qui se tiennent habituellement chaque année et les manifestations exceptionnelles de 2013 sont, à la date présente, toujours d'actualité. Nous n'avons aucune information permettant aujourd'hui de dire qu'elles n'auront pas lieu.
A ma connaissance, il n'existe pas de problème particulier sur le pont Jeanne d'Arc. Je rappelle qu'en 2011-2012, 10.000.000 € de travaux avaient été consacrés à ce pont, précisément pour qu'il puisse supporter les nouvelles rames. Il n'existe pas de saturation de ces nouvelles rames.
Nous sommes aujourd'hui à 70.000 usagers par jour. La capacité est de 100.000. Il reste donc encore de la marge.
A propos du débat sur les assurances, vous savez qu'il peut durer extrêmement longtemps.
Je cite simplement celui relatif aux immeubles du boulevard des Belges, qui devrait se conclure dans l'année, mais aura duré plus de dix ans. Les débats sur le pont Mathilde dureront donc. Il est évident que l'assurance du camion qui s'est renversé va chercher, par tous les moyens, à diminuerune facture extrêmement lourde, mais il est hors de question que la Ville reconnaisse une quelconque responsabilité dans cet accident. Mais nous n'empêcherons jamais des personnes de soutenir des points de vue et d'avoir des prétentions.
   
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