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Fiche Conseil
 
Séance : 04/11/2005
Libelle : Musées littéraires. Musée Corneille et pavillon Flaubert. Gratuité d'accès. Adoption
Document : Le musée Pierre Corneille situé à ROUEN, 4, rue de la Pie et le pavillon Flaubert situé à DIEPPEDALLE-CROISSET sont administrés par la Direction des Bibliothèques.
Ces maisons d'écrivains sont ouvertes au public, durant les mois de juillet et août, les après-midi du mercredi au dimanche et, durant les autres mois de l'année, les samedis et dimanches après-midi. Les groupes, durant cette dernière période peuvent, sur rendez-vous, y être accueillis les jeudis.
Le tarif d'entrée est fixé à 1,50 E depuis le 1er janvier 2002. Sont exonérés du paiement les jeunes de moins de 18 ans, les étudiants, les enseignants accompagnant les groupes scolaires, les titulaires de la carte C.O.T.O.R.E.P., les demandeurs d'emploi et les personnes bénéficiant des minima sociaux.
Les visites sont encadrées par des personnels vacataires qui, outre des fonctions d'accueil et de surveillance, assurent la perception des droits d'entrée.
Sur les trois dernières années, la moyenne de fréquentation de ces équipements a été la suivante :
MUSEE PIERRE CORNEILLE PAVILLON FLAUBERT
Fréquentation totale 2.576 970
Entrées gratuites 1.866 (72 %) 525 (54 %)
Entrées payantes 710 (28 %) 446 (46 %)
Recette encaissée 1.065 E 669 E
Compte tenu du mode de gestion retenu pour ces établissements, la réglementation relative au fonctionnement des régies de recettes est très difficilement applicable.
Un nouveau mode de gestion de ces équipements, permettant d'appliquer sans difficulté cette réglementation, aurait un coût hors de proportion avec les sommes encaissées et l'activité enregistrée.
Pour cette raison, il semble plus pertinent de rendre totalement gratuit l'accès à ces deux petits établissements culturels.
Cette gratuité devrait permettre à ces deux musées de voir leur fréquentation s'accroître et serait ainsi de nature à marquer symboliquement toute l'attention que notre ville porte à ses illustres écrivains, notamment lors de l'année du 4ème centenaire de la naissance de Pierre CORNEILLE.
J'ai donc l'honneur, MESDAMES, MESSIEURS, de vous prier de bien vouloir rendre totalement gratuit l'accès au musée Pierre Corneille et au pavillon Flaubert à compter du 1er janvier 2006.

M. Guy PESSIOT.- Nous approuvons totalement le choix de la gratuité pour le musée Corneille et le pavillon Flaubert. Ce choix, même si ce n'est pas à l'évidence votre motivation, se situe dans la droite ligne de l'esprit des lumières et de la Révolution, époque où ont été créés les musées en France. On a oublié que les musées sont restés gratuits très longtemps, notamment pendant toute la durée du 19ème siècle, comme les bibliothèques, par fidélité à l'idéal d'une culture libre, gratuite et ouverte à tous. On a beaucoup parlé de gratuité aujourd'hui, alors je rappelle quelques éléments historiques.
Ce n'est en effet qu'en 1922 — outre la Ville, un certain nombre de personnes, dont Auguste RODIN, ont lutté pour la gratuité — que l'on a commencé à payer un droit d'entrée dans les musées, au Louvre notamment. A ROUEN, pendant tout le 19ème siècle, le musée, qui avait été créé en 1800, a été gratuit.
Ensuite, sur la période jusqu'à nos jours, le musée de ROUEN, et pour ne prendre que le musée de peinture, a été gratuit le dimanche, le jeudi, les jours fériés, et c'est seulement en 1958 que l'on a réintroduit un paiement, un droit d'entrée.
Nous suggérons à la Ville d'envisager d'étendre la mesure de gratuité aux autres musées et, pour cela, de procéder à une étude auprès des villes de France qui ont choisi, ces dernières années, la gratuité. Le nombre de ces villes est en augmentation. Je précise tout de suite : gratuité concernant les visites des collections permanentes, car, pour les expositions, les choses sont claires, il y a de gros budgets à mettre en oeuvre et la billetterie est nécessaire, mais, pour ce qui est des collections permanentes, beaucoup de villes — et de pays même, comme l'Angleterre, la Suède —, la Ville de CAEN pour le musée de Normandie et pour le musée des Beaux-Arts, la Ville de GRENOBLE, l'ensemble des musées de l'Isère ont choisi cette gratuité. Egalement PARIS pour les musées municipaux. Cette gratuité s'est d'ailleurs traduite pour ces musées, notamment à PARIS, par 78 % d'augmentation de fréquentation dès la première année. La plupart des musées de l'Isère, notamment celui de VIZILLES, ont doublé leur fréquentation suite à cette mesure.
Certaines personnes sont hostiles à une telle mesure. Elles pensent que cette gratuité dévalue le travail des conservateurs. Elles pensent aussi que la gratuité encourage la venue dans les musées de personnes qui cherchent plus un abri qu'un intérêt pour la culture. Nous n'avons pas, nous socialistes, ce type
de vision. Nous restons attachés au mythe fondateur de l'accès gratuit à la culture et surtout nous ne nous satisfaisons pas que 60 % des Rouennais déclarent ne pas visiter de musées ni à ROUEN ni dans les autres villes.
Nous avons, avant 2001, commencé à pratiquer la gratuité certains dimanches et vous avez poursuivi cette mesure, mais nous vous proposons d'aller plus loin, d'étudier ce dispositif.
Partout où elle est adoptée, la gratuité est très appréciée. Elle joue un rôle positif sur l'image des villes, les touristes l'apprécient ainsi que toutes les personnes. A ROUEN, le coeur des visiteurs du musée, ce sont un certain nombre de personnes qui font visiter régulièrement le musée à leur famille ou à des amis, qui sont des ambassadeurs de la ville et qui, pour faire découvrir les richesses de la ville, commencent par les musées. Toutes ces personnes qui viennent, qui ont un budget musées très important apprécieraient cette gratuité.
Reste la question budgétaire, bien entendu très importante dans cette affaire, même si l'adoption de la gratuité est d'abord un choix politique avant d'être un choix économique. Il n'est pas du tout certain que le coût de la gratuité d'accès aux collections permanentes soit insupportable pour la collectivité.
On l'a vu pour le musée Corneille et le pavillon Flaubert, ce sont des sommes relativement modestes pour ce qui est des entrées pour les collections permanentes. Je ne parle pas des entrées pour les grandes expositions.
Par ailleurs, la gratuité permettrait un allègement, dans certaines conditions, du personnel à l'accueil certains jours. Il y a là une source d'organisation différente du personnel des musées et surtout — on a pu le constater dans plusieurs musées, j'ai lu quelques rapports là-dessus — on a constaté que l'on retrouve en partie sur les entrées aux expositions temporaires ce que l'on perd sur les entrées aux collections permanentes, car, en augmentant le nombre de visiteurs, on conquiert un nouveau public qui vient plus volontiers aux expositions payantes.
Ce n'est pas faire de l'obstruction que de dire que l'on peut faire une réflexion comme font d'autres villes. En ce moment, la gratuité est assez tendance. On a la gratuité sur internet, sur beaucoup de choses, dans la presse aussi. La gratuité dans les musées, beaucoup de villes actuellement réfléchissent à cette question.
 
Année : 2005
Catégorie : Culture
Page : 79
Rapporteur :
   
Débats :
   
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