Conseils Municipaux depuis 1995

Fiche Conseil
 
Séance : 04/10/2004
Libelle : Palais des Congrès. Reconstruction. Motion d'urgence
Document :
 
Année : 2004
Catégorie :
Page : 71
Rapporteur :
   
Débats : 31.- M. Yvon ROBERT.- « Inauguré en mai 1976, le Palais des Congrès de ROUEN a depuis toujours connu une "existence difficile".
Il avait fallu 26 permis de construire avant que les architectes des Bâtiments de France accordent celui déposé par l'architecte Jean-Pierre DUSSAUX.
Fermé en 1996 pour de graves raisons de sécurité, chaque équipe municipale a depuis évoqué l'idée de démolir cette "verrue rouennaise" sur la place de la Cathédrale.
Mais les spécialistes, se retranchant derrière l'impossibilité de modifier le plan de sauvegarde, s'y sont toujours opposés.
Aujourd'hui, la situation est pour le moins paradoxale.
Les Rouennais sont majoritairement contre cette reconstruction, nous le savons tous, et les centaines de courriers des lecteurs de cet été ne font que confirmer cet avis.
L'équipe municipale vient de confier à un architecte de renom, Jean-Paul VIGUIER, un travail de démolition-reconstruction du lieu. Malgré les compétences de cet architecte, ça ne passe pas.
Et ça ne passe pas, parce que les Rouennais ne veulent plus d'un tel volume "même beau" sur la place de la Cathédrale. Ils veulent mettre en valeur l'ouverture de la rue Saint-Romain, la porte Romé, la cour d'Albane.
Nous sommes en train de faire pour les 50 ans qui viennent un choix par défaut.
L'argument de la préservation du "volume médiéval" mis en œuvre par le plan de sauvegarde est-il si pertinent ? Après tout, au Moyen-Age, il y avait des constructions le long des murs de la cathédrale ; personne ne propose de les reconstruire.
Devant toutes ces réticences qui ne cessent pas et qui ne vont pas cesser, le moment n'est-il pas venu que tous les élus de la Ville, relayés par les habitants, se mobilisent ensemble pour remettre en cause cette obligation de reconstruction et redonner à cette place une nouvelle respiration.
Nous vous demandons, M. le Maire, d'organiser cette démarche collective et de solliciter par un référendum local l'avis des Rouennais. »
Quelques mots simplement, car nous souhaitions revenir sur ce sujet difficile et en même temps exprimer un regret. On a déjà eu l'occasion de l'évoquer au mois de juillet, car il y avait eu un texte sur le sujet de Guillaume GRIMA.
Nous pensons que l'on est en train de passer à côté de quelque chose qui serait beaucoup plus satisfaisant pour la ville. C'est pourquoi nous voulions revenir sur ce sujet, en pensant qu'il n'est pas encore trop tard.

M. le MAIRE.- Laissez-moi terminer, si vous voulez que je sois bref, ne m'interrompez pas.
Les Rouennais ont toujours eu à l'esprit un immeuble qui s'appelait l'immeuble des Anciennes Mutuelles. Il a d'ailleurs donné lieu, en effet, lors de l'élaboration du Plan Permanent de Sauvegarde et de Mise en Valeur, aux prescriptions que l'on sait, à savoir l'obligation de reconstruire dans un volume particulier et selon un plan-masse parfaitement défini.
Je vous rappelle, pour l'avoir déjà dit, que la révision d'un Plan Permanent de Sauvegarde et de Mise en Valeur — j'insiste bien sur «permanent» car c'est son qualificatif, cela ne peut pas résulter de la fantaisie des élus, mais d'un long travail — est une procédure qui demanderait 5 à 7 ans. Lorsque nous avons posé la question aux spécialistes, après votre intervention en conseil, il nous a été indiqué très clairement que cela ne pouvait pas se faire sous la forme d'une simple révision ponctuelle, mais à l'occasion de l'extension d'un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur.
Voulons-nous attendre encore, si tant est que l'on puisse ne pas reconstruire quelque chose à cet endroit, 5 à 7 ans que cet espace en voie de clochardisation se dégrade encore ?
Lorsque j'ai été saisi du dossier au printemps 2001, je me suis rapproché du Consortium de Réalisation (C.D.R.), le propriétaire de l'immeuble. J'avais d'ailleurs dans la poche une estimation des Domaines qui avait été réalisée en 1994 et qui prévoyait que l'immeuble avait une valeur de 36.000.000 à
41.000.000 F à l'époque. Le coût des travaux était lui-même très important ; je me rappelle
qu'Yvon ROBERT avait déclaré qu'il était de l'ordre d'une trentaine de millions pour remettre cet immeuble aux normes de sécurité.
Je me suis donc posé la question de savoir s'il serait judicieux, le cas échéant, que la Ville acquière cet immeuble, en tout ou partie, et j'ai rencontré le responsable du C.D.R., qui m'a indiqué que le projet de la Ville avant mars 2001 était clairement identifié et parfaitement défini — il s'agissait de réaliser un ensemble commercial avec deux enseignes : H & M et Virgin Megastore à l'époque —. De toute façon, cette affaire avait été très largement engagée. Bien sûr, si la Ville voulait l'interrompre, une proposition nous serait faite, et une proposition nous a en effet été faite. Je vais la livrer à votre sagacité, puisque vous la voulez.
On nous a proposé une solution de compromis consistant à conserver sur environ 2.300 m2 les surfaces commerciales que le propriétaire envisageait d'installer avec la bénédiction de l'équipe précédente, et de louer, pour ce qui concerne la Ville, une surface de 3.500 m2 destinée à un usage de congrès.
C'est d'ailleurs cela qui nous intéressait, beaucoup plus que le reste. La Ville aurait dû d'ailleurs, à ce moment-là, signer un bail de 9 ans à un coût estimé entre 2.800.000 et 3.600.000 F par an, sans être propriétaire au bout de 9 ans, et sans tenir compte des coûts de remise aux normes de sécurité.
Vous voyez ce que cela représentait. Je vous livre tous les éléments et les paramètres qui ont été étudiés à ce moment-là.
Bien sûr, la question de la destruction du Palais des Congrès et de son remplacement par un espace vert, indépendamment du Plan Permanent de Sauvegarde et de Mise en Valeur, mérite d'être posée. Il faut alors se poser immédiatement la question de savoir à quel prix, cet immeuble n'étant pas propriété de la Ville, mais du C.D.R., établissement de défaisance du Crédit Lyonnais.
La première question, quand on a l'aplomb de considérer que tout ce qui a été fait jusqu'ici ne vaut rien, y compris les engagements que l'on avait soi-même pris, sans les officialiser, à l'égard du propriétaire, consiste à demander si les Rouennais sont prêts à consacrer à l'acquisition de l'immeuble une somme de cet ordre. Je vous rappelle l'estimation des Domaines, c'est quelque chose d'important.
Enfin, à supposer même que le Plan Permanent de Sauvegarde et de Mise en Valeur puisse être révisé, étendu et qu'au terme de 5 à 7 ans nous puissions avoir un plan modifié et étendu, supprimant l'obligation de reconstruire sur cet emplacement, mes chers collègues, j'attire votre attention sur le fait que, techniquement, il y a une dalle de parking sous cet immeuble. Celle-ci n'est pas prête à supporter un espace vert, comme on pourrait l'imaginer, pour une simple raison d'étanchéité.
On pourrait en effet construire un magnifique jardin suspendu, mais ce serait nécessairement très au-dessus de la dalle de parking qui assure l'étanchéité de la centaine de places qui s'y trouvent et qui ne sont pas non plus propriété de la Ville. Là aussi, il aurait sans doute fallu les acquérir, si l'on avait voulu créer un espace vert.
Tout cela pour vous dire qu'après avoir réfléchi très longuement à cette question, les avantages du projet actuel sont les suivants :
- Ne pas solliciter les contribuables rouennais.
- Reconstruire un immeuble, dont la maquette sera présentée dans environ trois semaines, sur lequel chacun portera son appréciation — les débats en termes d'architecture sont infinis ; on pourrait donner des exemples très nombreux de cette dispute permanente —.
- Retrouver à 50 m des façades de la cathédrale un espace de congrès pour accueillir 300 à
350 congressistes.
- Obtenir l'élément de convivialité que représentera dans cet immeuble à la fois la mise en valeur de la façade Romé, la création d'une brasserie tout à fait conviviale au rez-de-chaussée et de lieux de restauration.
Ces simples éléments me conduisent à dire aujourd'hui et à revendiquer très haut et très fort que la démarche que nous avons suivie est la plus pertinente.
Sur ce dossier, je vous dis avoir pesé depuis trois ans tous les éléments de la question. Il est trop facile, à mon sens, de considérer après coup que tout ce qui a été fait de 1996 à 2004 ne compte plus, y compris la fermeture de l'immeuble du Palais des Congrès. On peut s'affranchir, certes, de ce que l'on a dit, de ce que l'on a écrit et des démarches qui ont été largement entamées auprès du propriétaire. Pour ma part, je vous ai fait un état de la situation et je vous donne notre opinion.
Maintenant, l'objet de la polémique va sans doute, au fil du temps, s'éteindre. Je n'oublie pas d'ailleurs que, dans les réunions publiques que nous avons organisées, beaucoup de Rouennais et surtout des jeunes réclamaient sur le parvis de la cathédrale un lieu convivial de restauration et de brasserie. Là aussi, notre projet permettra de les satisfaire.
Personnellement, je ne regrette rien de ce que j'ai fait dans la plus parfaite transparence depuis trois ans.
   
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