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Fiche Conseil
 
Séance : 24/09/2004
Libelle : Médiathèque. Etat d'avancement du projet. Interventions
Document :
 
Année : 2004
Catégorie : Culture
Page : 117
Rapporteur :
   
Débats : Mme Catherine MORIN-DESAILLY, Adjointe.- Il est important que vous ayez un point d'étape sur ce projet. Nombre de chantiers avancent et d'abord, la constitution des collections, qui peut se réaliser grâce à la mise en place du plateau technique qui a été ouvert il y a un an — c'était en septembre 2003 — et qui
a permis de procéder aux étapes préalables et obligatoires concernant notamment le traitement des collections déjà existantes.
Je vais juste vous rappeler à titre d'exemple — si vous n'avez pas visité le plateau de travail, ce à quoi tout le monde était invité, tous les Rouennais en tout cas — que le traitement d'un livre qui sort des rayonnages, c'est 20 minutes. Donc, on imagine, si l'on multiplie le nombre total de livres par ce temps de traitement, le nombre d'heures de travail qu'il faudra aux équipes de la bibliothèque.
Les acquisitions doivent être importantes, raison pour laquelle on vous a proposé une délibération pour passer les marchés avec les sociétés qui ont été retenues dans le cadre de l'appel d'offres.
Cela, c'est pour les collections.
Pour le programme d informatisation et de numérisation, je rappelle que l'on a créé une autorisation de programme « médiathèque et modernisation informatique des bibliothèques ». Elle a permis en 2004 de lancer les opérations préalables à cette future médiathèque. Ce chantier informatique et numérique, qui a fait l'objet d'un groupe de travail depuis deux ans, auquel toutes les collectivités associées ont apporté leur point de vue, a été ouvert afin de permettre le traitement des collections contemporaines déjà présentes, d'une part, et des collections à acquérir, d'autre part. Il va permettre aussi la conversion rétrospective des catalogues sur fiches — je rappelle qu'il y a 100 ans de rétro-conversion à effectuer —, donc de tous les livres qui sont présents à la bibliothèque Villon, leur référencement sur le catalogage informatisé.
Il va permettre enfin l'ouverture, et ce sera un événement cette année, du portail web qui nous donnera accès aux collections patrimoniales numérisées — je rappelle que le patrimoine est l'enjeu de ce nouvel outil —.
Pour atteindre cet objectif en termes de calendrier, il est vrai qu'il ne faut pas prendre de retard et qu'un travail considérable doit être mené sur l'ensemble des collections.
En ce qui concerne la médiathèque proprement dite, cinq équipes d'architectes ont été sélectionnées lors du jury du mois de mars. Chaque équipe a remis ses esquisses. La sélection finale entre les cabinets en compétition sera effectuée au mois de novembre prochain.
Enfin, le développement du programme autour du livre et de la lecture poursuit son chemin. Après un bilan effectué notamment avec le Groupement d'Intérêt Public du Grand Projet de Ville, tous les ateliers mis en œuvre ont été reconduits et développés. Je citerai les « Rencontres autour de l'écriture », les « Ateliers de hip-hop » avec le Pôle des musiques actuelles, les rencontres « Ouvrez les guillemets », et vous trouverez tout cela dans la deuxième programmation de Grain de Sel.
Un comité de suivi a été constitué. Il s'est réuni une première fois. Il inclut des représentants du monde éducatif, du quartier Grammont, du domaine culturel et des publics. Ce comité de suivi, qui sera à nouveau réuni d'ici à quelque temps, accompagne la réflexion, l'enrichissement du projet bibliothèque-médiathèque.
Je pensais que c'était important de faire ce point d'étape pour montrer que le chantier avance et que les équipes sont extrêmement mobilisées autour du projet.
M. le MAIRE.- Après cette partie mobilisation des équipes, un mot maintenant sur l'état du dossier au niveau de la localisation de l'équipement, puisque personne ne conteste qu'il faille faire un équipement de ce genre, un équipement structurant, même si le choix de l'équipe précédente était de le scinder en deux.
Nous sommes bien d'accord, les choses qui étaient esquissées fin 2000, début 2001 étaient le maintien de la bibliothèque patrimoniale rue Jacques Villon et la création d'une médiathèque ; donc, deux éléments séparés l'un de l'autre. Je le dis car je tiens à votre disposition tous les courriers qui ont été rédigés
en ce sens et qui sont parfaitement explicites. Quant à la localisation du nouvel équipement, elle n'était pas encore définitivement fixée, plusieurs idées avaient été évoquées.
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
Le principe d'une médiathèque a été inscrit au Contrat d'Agglomération.
Bien entendu, la Ville ne pourra pas réaliser un équipement de cette importance (30.000.000 €) si elle ne bénéficie pas de concours extérieurs. On l'a toujours dit, ce n'est pas un élément nouveau.
Nous avons donc sollicité l'Etat, la Région, le Département, les fonds européens et la Communauté d'Agglomération pour un financement conjoint de cette médiathèque.
Si je dis que la Ville ne peut pas financer seule cet équipement, c'est en même temps un appel à l'exercice de sa responsabilité par chaque collectivité.
Il est bien certain que, dans cette affaire, au-delà des querelles sur la localisation, c'est malgré tout l'Etat qui est le garant de la qualité du programme suivi. Et, dans cette qualité, la localisation est évidemment une question que personne ne cherche à évacuer, de la même manière d'ailleurs qu'elle se posait pour tous les équipements de cet ordre réalisés ailleurs, à TOULOUSE, à LIMOGES, à TROYES, sans compter PARIS, puisque la Bibliothèque Nationale de France a donné lieu elle-même à suffisamment de débats.
Si l'Etat récusait le projet de ROUEN, il n'y aurait pas de médiathèque, indépendamment de ce que pensent la Ville, le Département et la Région.
Le principe de l'inscription de ROUEN dans un programme prioritaire entre AMIENS et RENNES, entre LILLE et RENNES même, puisqu'il n'y avait pas d'autres projets de cette importance dans ce grand quart géographique de la France, ce principe a été acquis. Nous avons des courriers de la Direction du Livre qui indiquent que, très prochainement, la réponse de l'Etat sera faite. Pour nous, c'est notre juge de paix.
Si l'avis de l'Etat est favorable au programme comme à la localisation et si telle ou telle des collectivités refusait de financer ce projet structurant, ce serait de la responsabilité de chacune d'elles. Je n'entends pas, en effet, qu'une collectivité exerce une tutelle quelconque sur la Ville de ROUEN, qu'il s'agisse de la tutelle du Département, de la Région, de l'Agglomération ou de tel homme politique influent dans l'agglomération. Je le dis très clairement.
J'ai milité pour ce lieu. Après l'avoir présenté dans plusieurs réunions et colloques auxquels participaient notamment des architectes, des urbanistes intéressés par ces questions, j'ai la faiblesse de penser que ce choix est pertinent. On peut être d'un avis contraire, et il serait d'ailleurs étonnant qu'il n'y ait pas d'avis contraire à ce propos, c'est parfaitement légitime. Mais à partir du moment où, du fait de sa tutelle scientifique sur le projet, l'Etat donnerait son feu vert sur le programme, la localisation et la conception
même qui consiste à mettre en commun les fonds patrimoniaux et les supports plus modernes, qu'il s'agisse du livre, de l'audiovisuel, de la bande dessinée ou d'autres aspects, celui ou celle parmi les collectivités qui refuserait de jouer le jeu condamnerait la médiathèque. C'est tout à fait clair.
Je n'ai rien à dire de plus aujourd'hui sur le sujet. Vous avez tous les éléments. Chacun les aura. Il est inutile de spéculer sur la réponse de l'Etat. Elle va être très prochaine. Je sais que la directrice de l'action culturelle a été interrogée par le président du conseil régional sur le sujet et qu'elle a répondu très clairement qu'elle soutenait ce projet. Maintenant, lorsque nous aurons un écrit, il sera immédiatement rendu public.
Je prétends que le lieu que nous avons choisi à proximité du parc Grammont, dans une ville qui se restructure, avec un équilibre rive droite/rive gauche qui n'a jamais été aussi près d'être atteint aujourd'hui — il suffit de voir le rythme des constructions engagées depuis dix ans sur la rive gauche —, je prétends que ce site est bon et qu'il peut apporter une valeur ajoutée à l'agglomération. Je comprends très bien que l'on soit d'un avis différent, mais le juge de paix sera l'Etat. Je crois à la continuité de l'Etat, quels que soient les titulaires des ministères.
Ce projet avait d'ailleurs été initié, si je me souviens bien, au début des années 90, par l'équipe qui a précédé la vôtre, Yvon ROBERT. Vous avez fait ensuite un autre choix, mais je pense que vous avez toujours eu à cour d'obtenir la garantie scientifique de l'Etat. C'est mon point de vue, les choses sont très
claires, la réponse sera fournie dans quelques semaines, chacun exercera dans ce dossier les responsabilités qui lui paraissent les plus appropriées, dans la parfaite transparence.
Quant à moi, je dis et je redis que, si je me reconnais des devoirs envers l'Etat, car c'est l'arbitre de nos projets, je n'accepterai aucune tutelle d'aucune autre collectivité sur un projet comme celui-là et que j'en appellerai immédiatement aux Rouennais, car il faudra que l'on sache exactement qui fait quoi.
Réponse dans quelques semaines. Sur ce sujet, je crois que tout a été dit. Pour l'instant, on attend la réponse de la Direction du Livre, car, en dépit des contacts prometteurs que nous avons eus, seule une réponse écrite permettra aux uns et aux autres de se situer.

M. Guillaume GRIMA.- Sur ce sujet, je voudrais rappeler un peu notre position et pointer quelques dangers de notre point de vue.
Depuis le départ, et nous sommes en clivage avec la gauche traditionnelle sur ce sujet, nous avons défendu l'implantation d'une médiathèque rive gauche. Il était clair pour nous que le rééquilibrage des rives pouvait notamment passer par cet équipement culturel structurant.
Nous avons toujours refusé ce que nous avons appelé la transformation des quartiers Ouest en vitrine de ROUEN, avec de grands équipements structurants et un abandon de la population. C'est d'ailleurs une politique que vous menez, vous aussi, M. le Maire, avec votre majorité. La situation dans les quartiers Ouest est quand même, de ce point de vue-là, très inquiétante. A travers le projet des docks, l'éventualité d'un Palais des Sports et d'autres équipements de ce genre, on sent bien que les habitants sont oubliés. Un de nos soucis était de rééquilibrer les équipements structurants sur l'ensemble de la ville.
Alors, oui à la rive gauche. Quand vous avez proposé le site de Grammont, des défauts de ce site ont été pointés, mais rien d'irrémédiable par rapport à cela, c'est la position que nous avons défendue.
Il n'en reste pas moins que nous vous avions mis en garde par rapport à la montée en charge, sujet sur lequel nous étions d'accord. La réussite de cet équipement nécessite une vraie préparation, une vraie sensibilisation des Rouennais sur le sujet. C'est d'ailleurs à ce moment-là que nous avions regretté le fait que la localisation n'ait pas fait l'objet d'un débat plus large au sein de la population et des forces politiques, souhaitant que ce débat puisse prendre le temps de se dérouler notamment au conseil, mais aussi dans les quartiers, pour pouvoir avoir une vraie adhésion durable de la population à ce projet.
Vous avez commis une erreur, nous l'avons soulignée dès le départ, malgré notre soutien sur ce site : vous n'avez pas concerté, vous êtes passé en force. M. ROBERT a raison de dire que les argumentaires que vous avez présentés à l'époque pour affirmer que Grammont était le bon choix étaient quelque peu fallacieux. C'est un débat qui a été vite fait et la sensation a été celle d'un passage en force.
Maintenant, où en est-on ?
Je ne vais pas spéculer sur la position de l'Etat. Par rapport à ce que vous venez d'expliquer, on en est quand même à un stade où ce dossier fait grosse polémique dans ROUEN, ce qui est assez contre-productif par rapport à l'objectif que vous aviez, que nous partagions et sur lequel nous vous avions mis en garde.
Sur ce plan, nous tenons à rejeter cette idée selon laquelle la politique politicienne condamne certains équipements, certaines réalisations au détriment des habitants, de la qualité de vie. Trop souvent, c'est cette idée aussi qui est un des facteurs conduisant la population à se désintéresser systématiquement.
   
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