Conseils Municipaux depuis 1995

Fiche Conseil
 
Séance : 31/03/1995
Libelle : Sixième franchissement de la Seine. Etude d'avant-projet. Variante sous-fluviale. Appel d'offres. Convention. Autorisation
Document : A la suite des études d'aménagement des quartiers Ouest de ROUEN, conduites par la Ville et présentées aux services de l'Etat concernés, un certain nombre d'adaptations ont été apportées par la Direction Départementale de l'Equipement (D.D.E.) au projet de sixième franchissement de la Seine.
Elles ont consisté en particulier à reporter plus au Nord le raccordement avec l'autoroute A.15, permettant ainsi de faciliter l'inscription du projet dans le site en rive droite de la Seine, dans la mesure où il serait légèrement écarté vers l'Ouest et où il ne lui serait plus imposé de se raccorder sur l'actuel viaduc des Barrières du Havre.
La Direction Départementale de l'Equipement a engagé les études d'avant-projet de l'opération.
Celle-ci serait en principe conçue de manière à franchir la Seine en viaduc, tout en choisissant, le long des bassins Saint-Gervais, un profil en long en déblai, permettant de dégager les perspectives urbaines et de limiter au mieux l'impact du tracé sur l'environnement.
Toutefois, les très grandes manifestations des «Voiles de la Liberté» puis de l'«Armada de la Liberté», et aussi l'essor de l'accostage des paquebots de croisière ont trop marqué le site des quais de la Seine à proximité du pont Guillaume le Conquérant, pour que l'on puisse renoncer à en conserver le caractère maritime sans avoir épuisé toutes les chances et mené toutes les investigations nécessaires pour examiner les conséquences techniques et financières d'une option de franchissement sous-fluvial de la Seine.
Il a donc été convenu, en parfait accord avec le représentant de l'Etat, maître d'ouvrage du projet routier, que la Ville, qui serait associée étroitement aux études menées par la D.D.E., ferait étudier pour sa part une variante sous-fluviale.
Pour que ces études puissent faire foi lorsqu'une décision devra être arrêtée définitivement, il est nécessaire qu'elles soient menées par des bureaux d'études de qualité, disposant de références incontestables.
La Direction Départementale de l'Équipement a lancé de son côté ses appels d'offres d'études et devrait être en mesure de retenir un des candidats très prochainement.
La Ville, qui pourra largement travailler en utilisant les éléments réunis par la D.D.E., doit définir à présent l'organisation à mettre en place pour mener les études qui lui incombent.
Elle pourrait lancer un appel d'offres restreint, en vue de conclure un marché portant sur les études géométriques à réaliser dans les zones où les options de la variante différeraient de celles proposées par la D.D.E. Le montant de la tranche ferme du marché est évalué à 650.000 F T.T.C., une tranche conditionnelle de 350.000 F T.T.C. devant permettre de faire face à des études complémentaires si le résultat des discussions menées avec la D.D.E. le rendait nécessaire.
Les études très spécifiques (sondages complémentaires à ceux de la D.D.E., expertise des conditions de réalisation du tunnel sous-fluvial proprement dit) pourraient faire l'objet de paiements sur factures ou, pour le premier point, de conventions avec les organismes qui réaliseront en tout état de cause les sondages demandés par la D.D.E.
Le coût des sondages complémentaires à ceux de la D.D.E. ne devrait pas dépasser
330.000 F T.T.C.

M. André DANET, Adjoint.- Il s'agit du sixième franchissement de la Seine, d'une étude d'avant-projet pour étudier la variante sous-fluviale, puisque la D.D.E. étudie la solution d'un pont, et que nous avons décidé d'étudier celle d'un tunnel, non pas conjointement, mais complémentairement à l'étude qui va être
menée par la D.D.E.
Celle-ci n'avait pas pu être effectuée avant car le tracé du franchissement de la Seine, que ce soit en pont ou en tunnel, n'avait pas été encore complètement figé. Il est maintenant à peu près décidé, et même complètement.
Le franchissement partira un peu à la hauteur du magasin LECLERC que vous voyez à BAPEAUME quand vous descendez l'autoroute de BARENTIN, il passera un petit peu plus à l'Ouest qu'il n'était prévu de la rue Nansen, traversera la SEINE, et atterrira sur le territoire de la Ville de ROUEN et de PETIT-QUEVILLY, à hauteur à peu près de la rue Bourbaki, à environ 500 m de la place Bonne Nouvelle quand vous regardez vers l'Ouest.
Aussi curieux que cela paraisse, il y avait eu beaucoup d'études menées, mais elles avaient été payées par l'Etat, par le Département, et la Ville de ROUEN jusqu'ici n'avait pas encore participé étant donné que c'était l'Etat qui décidait. De nombreuses concertations et réunions ont eu lieu, inutile de vous le dire, et nous en sommes arrivés à cet accord avec M. le Préfet et la D.D.E.
préfet d'annoncer en même temps la concertation sur un contournement Est semi-urbain, d'agglomération, puis un grand contournement Ouest, et le 6ème franchissement, parce que les trois réalisations relèvent de trois procédures différentes.

M. Michel BEREGOVOY.- Je me souviens quand même que, pas pour ce Contrat de Plan
actuel, mais pour le précédent, il y avait déjà eu un crédit d'études inscrit. Cela fait quand même pas mal d'années, presque dix ans, et à la demande, je crois m'en souvenir, de M. LECANUET.
Ensuite, on a eu - et vous ne pouvez pas le nier, tout le monde a été témoin - cette discussion dans cette salle. Vous et la majorité actuelle de ce conseil municipal aviez inventé ce nouveau pont urbain à côté du pont Guillaume Le Conquérant, de manière à enterrer toute la difficulté. Il y en avait une
querelle entre ceux qui voulaient un pont et ceux qui voulaient un tunnel. Vous aviez trouvé cette solution.
Votre responsabilité - pas la vôtre personnellement, mais celle de la majorité actuelle - est quand même assez lourde.
Aujourd'hui, effectivement je vous donne acte qu'il n'y a pas d'inscription dans le Contrat de Plan. Il est vrai que l'Etat est confronté, quel que soit le gouvernement, à de nombreux projets. S'il n'y a pas volonté politique dans une région de faire avancer un dossier, de le faire inscrire dans le Contrat de Plan, ce n'est pas l'Etat qui va agir. Il est confronté à des demandes dans telle ou telle région, à un moment donné c'est la région qui pousse le plus fort qui obtient l'inscription dans le Contrat de Plan.
D'ailleurs c'est ce qu'on a beaucoup reproché au Contrat de Plan, car d'autres régions se sont mieux défendues que la nôtre. Et là il n'y a pas eu volonté politique de faire accélérer la réalisation du 6ème franchissement, alors que c'est indispensable à l'agglomération. Il suffit de voir le flot des voitures qui descendent tous les matins de BARENTIN, et de l'autre côté la situation du trafic de la banlieue Sud-Ouest.
C'est une nécessité, même plus mais il ne sera pas réalisé avant l'an 2000 parce qu'il y a eu des retards et qu'il n'y a pas eu volonté politique de l'inscrire dans le Contrat de Plan. Et ce n'est pas de la faute des élus de l'opposition du conseil municipal, ni de ceux du Conseil Régional. C'est parce qu'il n'y a pas eu accord entre vous pour savoir quelle réalisation faire.
D'ailleurs, le rapport actuel démontre, concrétise le fait qu'il n'y a pas accord, et que c'est une étude qui finira par trancher. C'est d'ailleurs pour cela que je le vote, car au moins je peux espérer qu'après cette étude sous-fluviales confrontée à celles de l'Etat, on pourra trancher et une décision sera prise. Sinon, en l'an 2050 ce ne sera pas encore réalisé.

M. le MAIRE.- J'ai bien noté vos observations. M. GUEZ, vous vouliez dire quelque chose.
M. Michel GUEZ.- J'ai une crainte quand même pour ce 6ème franchissement. Elle vient un peu du lobbying havrais. Avec l'aide de la Région et le Département, LE HAVRE a obtenu le pont de Normandie, il y a entre LE HAVRE et ROUEN un pont de Brotonne inutilisé.
J'attire votre attention sur le fait qu'il m'arrive assez souvent d'entendre dire : «De toute façon il y a déjà deux ponts, et pratiquement on peut se servir du pont de Normandie prévu pour 7.000 véhicules/jour en moyenne quand il en passe 270.000 à ROUEN. A la limite, si c'est trop loin il n'y a qu'à utiliser
le pont de Brotonne.»
J'attire votre attention, M. le Maire, sur la nécessité pour nous, Rouennais, de continuer à taper fort pour réclamer ce 6ème franchissement quel qu'il soit. Il est certain que pour l'instant on avait hésité entre trois possibilités : soit un pont mixte routier et ferroviaire, en se disant qu'un jour il faudra bien rejoindre la ligne du HAVRE autrement qu'en passant par la gare rive droite ; soit un pont urbain ; soit un tunnel.
Autre inquiétude : lorsque l'autoroute va être ouverte entre LE HAVRE et SAINT-SAENS ou LE HAVRE et NEUFCHATEL, une grande partie du trafic, qui pour l'instant utilise l'autoroute sur la rive Sud, va repasser par là. Actuellement, entre YVETOT et BARENTIN, il y a à peu près 15.000 véhicules/jour.
Lorsque l'autoroute sur la rive droite va être faite, on va passer de 15.000 à 21 ou 22.000 véhicules/jour.
Un tel volume sur le tronçon YVETOT-BARENTIN, qui n'est pas encore concédé ni prévu en autoroute, c'est du suicide. 22.000 véhicules/jour sur la route nationale telle que nous la connaissons, ce sera extrêmement difficile à faire passer. Ces 22.000 véhicules se retrouveront au bout de l'avenue du Mont-
Riboudet, et ce pendant une dizaine d'années.
Alors j'ai deux inquiétudes :
1.- J'ai peur que nos amis havrais pensent que la circulation pourrait passer par chez eux, et sur le plan économique pour ROUEN, qui est un carrefour naturel, ce serait dangereux.
2.- Les dix ans que nous allons devoir attendre risquent de transformer ROUEN en SAINT-ANDRE DE CUBZAC dans la traversée Nord-Sud, à cause de ce non sixième franchissement.

M. le MAIRE.- Il faut que chacun ait de la mémoire. Les débats auxquels vous avez fait allusion, j'ai assisté à un certain nombre d'entre eux, et les chiffres annoncés, aussi bien pour les coûts que pour les délais, doivent être remis en perspective.
Je maintiens qu'il n'y a pas de retard dans le hème franchissement car il n'a jamais été question de le réaliser pendant ce plan-ci. Il n'y a jamais eu l'argent pour.
Vous savez que le maître d'ouvrage est l'Etat, et que celui-ci ne fait confiance qu'à ses propres études. L'étude à laquelle vous faites allusion a été obtenue par M. LECANUET au Conseil Régional, à la suite d'un amendement. Donc, la D.D.E. n'a jamais voulu prendre en considération une étude du Conseil Régional. C'est aussi simple que cela.
Je rappelle que c'est à une date récente et à la suite du changement, et du Préfet, et du Directeur Départemental de l'Equipement, que la nouvelle équipe, le nouveau préfet et le nouveau directeur départemental de l'Equipement, ont accepté une réunion de concertation à laquelle j'ai assisté, où a été d'abord
arrêté l'enveloppe budgétaire définitive, le calendrier, et troisièmement le principe d'un choix loyal entre une traversée en pont et une autre sous-fluviale, avec complémentarité des études.
Celle sur le pont étant menée par la D.D.E., celle sous-fluviale sous la responsabilité de la Ville, avec les éléments techniques fournis par l'Etat. Jusque-là jamais la D.D.E. n'avait voulu accepter cette solution. Il n'y a pas eu de retard sur ce plan-là.
Si les délais que je crois et que j'espère sont respectés, c'est-à-dire si les études sont menées à leur terme en temps voulu, et les acquisitions foncières également, le pont devrait être construit aux alentours de l'an 2000, à savoir, comme cela a toujours été annoncé...
M. Michel BEREGOVOY.- Pont ou tunnel.
M. le MAIRE.- Pont ou tunnel, pardon.
M. Michel BEREGOVOY.- Il n'y a pas eu de retard puisqu'il n'y a pas eu de décision prise, donc il ne peut pas y avoir retard à partir du moment où il n'y a jamais eu un calendrier. Mais il y a incontestablement un retard sur le besoin. La voie Sud 1II arrive à son terme et il n'y a rien d'autre.
Quand on se rappelle les travaux routiers dans cette agglomération et dans cette région... le pont de Tancarville est resté trente ans sans avoir ses accès d'un côté comme de l'autre réalisés, on y arrivait par une nationale.
Le pont Mathilde a été construit sans qu'on ait exactement le tracé des routes futures, elles ont été ajoutées après, on descendait à travers le Champ de Mars, les vieux Rouennais s'en souviennent, c'était
épouvantable. A tel point que maintenant, si on devait réaliser à nouveau le pont Mathilde, puisqu'on fait une étude et on va effectuer des travaux importants à la tête Sud du pont Mathilde, on ne le mettrait pas tout à fait
dans la même direction. On avait construit le pont, mais pas les voies des deux côtés.
Là on se rattrape. Comme on avait construit deux fois un pont sans avoir les accès, ni les débouchés, on a fait les deux, mais on n'a pas construit le pont.
(Rires dans l'assemblée.)
C'est un peu sous forme de boutade. C'est la philosophie qu'on peut tirer de la gestion de droite dans cette région et dans ce département.
(Mouvements dans l'assemblée.)

M. le MAIRE.- Vous êtes emporté par votre élan. Je mets aux voix le rapport. Y a-t-il des oppositions ? Des abstentions ? Le rapport est adopté.
SUR QUOI STATUANT :
Le Conseil adopte les conclusions du rapport qui précède. La dépense en résultant sera imputée au chapitre 20, article 203, sous-article 0122 (sixième franchissement de la Seine).
 
Année : 1995
Catégorie : Projet urbain du secteur ouest
Page : 257
Rapporteur :
   
Débats :
   
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