Conseils Municipaux depuis 1995

Fiche Conseil
 
Séance : 15/05/1998
Libelle : Centre d'Histoire Sociale. Devenir. Motion d'urgence
Document : M. Paul ASTOLFI.- «Les membres du Conseil Municipal ayant pris connaissance des difficultés de gestion qui ont affecté le Centre d'Histoire Sociale, organisme d'insertion, d'animation pédagogique, de restauration et de mise en valeur du patrimoine industriel, ainsi que du récent jugement de liquidation judiciaire appliqué à cette association, demandent :
- aux services de l'Etat de prendre l'initiative de réunir l'ensemble des partenaires donneurs d'ordres du Centre d'Histoire Sociale, afin de trouver les conditions du maintien des chantiers du patrimoine,
- d'assurer dans les meilleurs délais, à l'abri d'une convention d'occupation des locaux.
l'installation durable, au moulin Saint-Gilles, des activités d'Expotec 103.
Les membres du conseil municipal manifestent à cette occasion leur soutien au Centre d'Histoire Sociale et expriment leur gratitude aux dirigeants et aux personnels pour l'ensemble de l'oeuvre accomplie ces dernières années.

Le groupe "Unis pour ROUEN"»
Nous avons appris avec de la peine la liquidation judiciaire du Centre d'Histoire Sociale.
Avec de la peine, car cette association est dirigée par des animateurs qui sont attachants et qui viennent nous solliciter fréquemment, nous rendre compte du travail qu'ils ont fait et nous entraîner dans l'enthousiasme de la réinsertion de ceux qui sont dans des situations particulièrement précaires et difficiles.
Le Centre d'Histoire Sociale a mené, depuis de nombreuses années, un travail de réinsertion tout à fait original, puisque cette réinsertion s'appliquait à la restauration du patrimoine industriel.
c'est-à-dire celui sur lequel les gens ont travaillé dans les décennies antérieures, et en liant la restauration de ce patrimoine à l'histoire sociale et à l'histoire des ouvriers qui ont travaillé avec ce patrimoine social.
Nous avons vu le Centre d'Histoire Sociale progresser fortement sous l'impulsion de ses dirigeants, que ce soit les membres de l'équipe d'encadrement ou les membres du Conseil d'Administration, en voulant aller - et ils ont eu raison de le faire - plus vite que la musique car, tous les jours. les problèmes d'insertion devenaient plus difficiles.
Le Centre d'Histoire Sociale a donc grossi, s'est développé. Bien qu'il y ait eu un suivi de la part des autorités de tutelle et des différents donneurs d'ordres, petit à petit on a vu que des difficultés financières devaient se faire jour.
La décision a été prise, à un moment donné, de faire venir l'affaire devant le tribunal, puisque les choses doivent être ainsi faites, et d'aller à la liquidation judiciaire.
Celle-ci aurait-elle pu être évitée ? Je ne sais pas. En tout état de cause, il eût été souhaitable que l'action du Centre d'Histoire Sociale perdure dans son esprit et dans sa forme - pour ce qui est de sa gestion, je n'aborderai pas le fond du problème, car il faut avoir tous les détails en main pour le faire -.
Deux points importants me semblent devoir être examinés par notre conseil municipal.
C'est d'abord la question du maintien de cet esprit de chantier du patrimoine.
L'apport qui a été fait, et qui est inestimable, a été de sauver un certain nombre de monuments qui, si l'attention n'avait pas été attirée par le Centre d'Histoire Sociale sur ce patrimoine et sur la possibilité de le restaurer, auraient vraisemblablement disparu. Ce sont des éléments du patrimoine de notre
ville. Cette restauration s'est faite à moindre coût par rapport aux moyens budgétaires dont dispose, dans le domaine de la restauration du patrimoine, le ministère de la Culture.
Un premier point est donc de pouvoir conserver cet esprit de restauration du patrimoine, de le lier à la vie sociale et à la vie de ceux qui ont participé à son élaboration et à son fonctionnement.
Le deuxième point concerne les locaux de la Ville, puisque la Ville est propriétaire du moulin Saint-Gilles, dans lequel se trouvait - puisque l'association va disparaître - l'association du Centre d'Histoire Sociale et l'écomusée d'Expotec 103.
Voilà un site qui est bien placé au sein de la promenade le long du Robec, entre la place Saint-Hilaire et l'école d'Architecture. Cet emplacement accueille à longueur d'année des publics de toute sorte, dont les élèves des écoles.
L'association y rassemblait des outils, les restaurait, les mettait en valeur et expliquait comment tout ceci avait contribué à notre histoire.
Il convient de décider si, dans les temps immédiats à venir, ces locaux vont être protégés, vont continuer à être entretenus et vont pouvoir continuer leur animation à destination des publics.
C'est l'objet de cette motion, qui se conclut par un coup de chapeau à la fois aux dirigeants de l'association et aux personnels qui ont travaillé, pour l'immense travail accompli.

M. Michel BEREGOVOY, Conseiller Municipal délégué.- M. le Maire, je voudrais tout d'abord que vous fassiez voter sur l'urgence, souhaitant intervenir ensuite et proposer des amendements à la motion d'urgence.
M. le MAIRE.- Qui est d'avis de voter l'urgence ? L'urgence est reconnue à l'unanimité.
M. BEREGOVOY, vous avez la parole.

M. Michel BEREGOVOY, Conseiller Municipal délégué.- La liquidation du Centre
d'Histoire Sociale est un gâchis énorme.
Elle est douloureusement ressentie par ceux qui sont attachés à l'insertion sociale, par ceux qui refusent l'exclusion comme une fatalité, par ceux qui n'acceptent pas la mise à l'écart de la société de milliers de gens prétendument non rentables pour notre société industrielle, qualifiée d'évoluée.
Elle est douloureusement ressentie par ceux pour qui le patrimoine industriel de la fin du XIXème siècle et de la première moitié du XXème siècle ne doit pas disparaître de notre mémoire collective.
Ces machines, qui sont sorties de l'anonymat de la ferraille, car elles étaient destinées à la ferraille, pour retrouver leur splendeur, grâce au travail de Jean-Pierre ENGELHARD et de ses équipes, représentent des années de travail d'un prolétariat qui s'est battu pour que nous ayons aujourd'hui les congés payés, les conventions collectives et un bon niveau de protection sociale.
Personnellement, je me sens lié à ces hommes et à ces femmes. C'est la raison qui me pousse à intervenir et qui m'a poussé, dans le passé, à intervenir en faveur des actions menées par le Centre d'Histoire Sociale - le C.H.S. - pour sauver le patrimoine qui existe.
J'en viens aux causes de la liquidation judiciaire. Incontestablement, elles proviennent essentiellement d'un retard de paiement du Conseil Général, contrairement aux avances consenties par l'Etat, car les retards de paiement du Conseil Général ont occasionné des frais financiers importants qui ont aggravé
une situation liée à un manque de trésorerie.
En préparant cette intervention, j'ai noté, dans les documents que j'ai examinés, le revirement de la Direction Départementale de la Solidarité, qui a mis sous condition l'attribution d'une subvention d'équilibre d'un montant de 700.000 F et a limité le financement de l'action pour 1998 à l'accueil
de 134 personnes, alors qu'il était convenu, lors de l'élaboration du plan de redressement, l'accueil de 150 personnes.
Permettez-moi aussi de rappeler que cette association avait, comme moyens. ceux de la Ville, par une mise à disposition à titre gracieux de locaux ; ceux de l'Etat, par la rémunération de personnel sous contrat aidé, c'est-à-dire les Contrats Emploi Solidarité ; ceux du Conseil Général, dans le cadre de sa compétence en matière d'insertion et de travaux attribués ponctuellement par les collectivités locales, dont la Ville de ROUEN. Par exemple, en 1996, ces travaux ont représenté 223.261 F.
Permettez-moi aussi d'espérer que les difficultés du C.H.S. seront surmontées et que, dans un avenir plus ou moins lointain, nous puissions, sur cette promenade le long du Robec, très fréquentée le dimanche par les habitants du quartier, mais aussi par des gens venant de beaucoup plus loin, conserver un musée du patrimoine industriel.
C'est pour cela que je souhaite que nous puissions aider Expotec 103.
J'en arrive à la motion d'urgence présentée par les élus du groupe «Unis pour ROUEN» et je voudrais déposer trois amendements.
Le premier, qui se placerait après le 1er alinéa, préciserait la chose suivante :
- regrettent l'attitude du Conseil Général qui, en effectuant tardivement ses paiements découlant de ses obligations en matière d'insertion sociale, a entraîné des frais financiers importants pour le C.H.S.,
- dénoncent le refus de la majorité du Conseil Général, lors de la session de février de réunir les partenaires du C.H.S. comme le préconisait une motion d'urgence déposée dans ce sens.»
Avant de passer au deuxième amendement, qui est un amendement de forme, je dois
préciser à M. ASTOLFI que ses amis politiques au Conseil Général ont tout bonnement refusé ce qu'il préconise aujourd'hui.
Pour avoir une chance d'aboutir et de réussir à sauver une association, il faut s'y prendre à temps et ne pas arriver une fois que les difficultés sont encore plus grandes.
C'est pourquoi le deuxième amendement est :
«- demandent à nouveau aux services de l'Etat de prendre l'initiative de réunir l'ensemble des partenaires.»
Dans la motion d'urgence, c'était le Conseil Général, mais le but est de réunir tout le monde pour essayer une nouvelle fois de sauver ce qui existe.
Le troisième amendement compléterait ce que M. ASTOLFI vous a indiqué. Il est écrit :
«- d'assurer dans les meilleurs délais, à l'abri d'une convention d'occupation des locaux».
Elle existe. Donc je propose de remplacer : «à l'abri d'une convention d'occupation des locaux» par : «dans le
cadre de la convention d'occupation des locaux».
Sachez que la Ville de ROUEN, qui travaille en étroite collaboration avec
M. ENGELHARD, assurera le gardiennage des machines.
Le dernier alinéa de votre amendement, je le soutiens.
Nous avons aujourd'hui, publiquement, à exprimer notre gratitude aux dirigeants du C.H.S.. à tous ceux qui ont travaillé au C.H.S.
Je suis déjà un des anciens élus de la Ville de ROUEN. Je sais que tous les élus. de quelque bord qu'ils soient, ont à un moment donné de leur mandat salué le travail de M. ENGELHARD.
Cela dépasse le cadre de la seule ville de ROUEN, puisque des travaux ont été réalisés dans d'autres communes. Par exemple, le C.H.S. a aménagé à ELBEUF une ancienne usine, ou des moulins le long des vallées de notre département, ou encore rétabli la route du chasse-marée. Pour ce qui concerne la ville de ROUEN, une pompe a été rénovée à l'usine de la Jatte. Pour tout cela, nous devons exprimer notre gratitude.
M. ENGELHARD a travaillé pour le bien de centaines, de milliers de gens qui étaient au bord de l'exclusion. Il a sauvé notre patrimoine industriel. Nous lui devons effectivement notre gratitude.
Je vous demande de voter les amendements que j'ai préconisés et ensuite, la motion d'urgence modifiée, de la prendre à notre compte.

M. Paul ASTOLFI.- On est d'accord bien entendu avec notre collègue BEREGOVOY.
sur ce dossier, et ce n'est pas nouveau. Nous sommes d'accord sur l'essentiel, c'est-à-dire sur le fait de maintenir, avec une convention d'occupation des locaux telle que la Ville peut la mettre en place, les activités d'Expotec 103. Pour le changement sur la forme, j'y suis favorable.
 
Année : 1998
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Page : 92
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Débats :
   
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