Les Cloches de la Cathédrale de Rouen

En 1472, on décida de construire un nouveau beffroi pour les cloches de la Tour Saint-Romain. Les travaux débutèrent en 1474. En 1475, les cloches furent descendues

En 1514, lors de la construction d'un étage supplémentaire sur la tour lanterne, on installa quatre cloches.

Au XVIe siècle la Tour Saint-Romain comptait un carillon de 11 cloches. Quand on les faisait toutes onner, le bruit était tellemetn fort qu'on l'appelait "L'émeute de la tour Saint-Romain"

En 1514, on mit quatre cloches dans le beffroi provisoire édifié sur la Tour Lanterne.  L'une d'entre-elles pesait 666 livres et avait été donnée par l'amiral de France Louis de Graville.
Lors de la construction de la flèche de Robert Becquet, un beffroi contenant cinq cloches qui furent enlevées en 1793. On y replaça un unique cloche, elle-même détruite dans l'incendie de la flèche en 1822.

En 1810, le cardinal Cambacérès fit placer deux nouvelles cloches dans la tour Saint-Romain.

Le 30 mars 1825, achat par la fabrique d'une nouvelles cloche haute de 1,25m, large de 1,55m, épaisse de 14cm et pesant 7.500 livres (3,4 tonnes). Elle avait été fondue par MM. Maire et Cartenet, sous la direction de M. Desbois

 

 

Marie d'Estouteville

En 1466, le cardinal Guillaume d'Estouteville fit part au chapitre du désir qu'il avait de donner à la cathédrale une cloche pesant 7.000 livres (3.175 kilos).
La cloche coûta 1918 livres à l'archevêque.
Elle avait été montée dans la Tour Saint-Romain le 28 octobre 1467.
Elle ébranlait la Tour, aussi le chapitre décida de construire un étage en 1461.
Elle portait l'inscription :
L'an 1467, révérend père en Dieu Guillaume d'Estouteville, Evêque, Cardinal, Docteur et Archevêque de cette ville me fit faire
.
Elle a été refondue au XVIIe siècle pour former la Quatr'une (ou la Réunie).
 

Tour Saint-Romain

La Quatr'Une (ou La Réunie)

Elle portait aussi le nom de de Elisabeth-Princesse.
En 1685, on réunit le métal des cloches La Romaine, La Guillaume d'Estouteville, Le Petite Marie et la Complies.
Elle pesait plus de cinq tonnes et il fallait douze hommes pour la faire sonner.
Elle donnait l'ut naturel.
Fêlée en 1845, son métal servit à la fabrication du bourdon.
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Nicolas

Aurait été offerte par l'archevêque Jean d'Avranche.
Elle pesait 2.000 livres.
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Thibault

Elle aurait été offerte par l'archevêque Thibault d'Amiens.
Elle pesait 4.000 livres.
Elle avait été refondue en en 1685.
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Robin-Duluce

Elle est connue par le P. V. du 1er juin 1792.
Elle pesait 600 livres.
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Joseph

Elle est connue par le P. V. du 1er juin 1792.
Elle aurait été offerte par l'abbaye du Bec.
Elle pesait 200 livres.
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Benoit

Elle est connue par le P. V. du 1er juin 1792.
Elle pesait 300 livres.
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Guillaume

Elle aurait été offerte par le cardinal Guillaume d'Estouteville en septembre 1470.
Elle pesait 1.500 livres et avait coûté 440 livres tournois à l'archevêque.
Le fondeur était Pierre Chapizot. Il a dû recommencer l'opération de fonte.
Son marteau en fer pesait 105 livres, mais, considéré comme trop lourd, il fut remplacé par un marteau de 55 livres.
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Neuf-Saint

C'était la deuxième cloches du la Tour après la Rigault.
Elle pesait environ 4.500 livres
Elle s'est cassé en septembre 1465.
Elle était dans la Tour Saint-Romain.
Son métal servira à la fabrication de la cloche Marie d'Estouteville.
 

Tour Saint-Romain

La Complies

Elle servait à annoncée l'office des Complies.
Elle portait l'inscription :
" JHS M(aria) QUI CONTRA MARIA REDIT HEC FAMINA
FULGURA PELLO TONITRUSQUE SONI
"
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Petite Marie

Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

Le Grand Saint-Benoist

Elle aurait été offerte par un abbé de Saint-Wandrille à condition qu'on fit une messe pour honorer la translation des reliques de leur saint fondateur.
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

Le Petit Saint-Benoist

Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Saint-Jean de Luz

Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

La Romaine

Elle aurait été offerte par Saint-Romain d'après la légende.
Il est vraisemblable qu'elle remplaçait une cloche du même nom fondue par l'incendie de la cathédrale en 1200.
Elle portait l'inscription :
" XRISTO PRESTANTE DICOR ROMANUS UT ANTE "
(Le Christ s'y prêtant, je suis dit Romain comme auparavant)
Elle était dans la Tour Saint-Romain
 

Tour Saint-Romain

Rigaud

Elle avait été offerte en 1282 par l'archevêque Eude Rigaud qui lui a donné son nom. C'était à son époque, l'une des plus grosses cloches connues.
C'est de son nom que viendrait l'expression "Boire à tire la Rigaud". Son poids considérable faisait qu'il fallait 12 homme pour la tirer. Ce n'était pas une petite affaire !. Le bon archevêque avait donc prévu une somme d'argent pour qu'il aient du vin à boire à profusion.
 

Tour Saint-Romain

Georges d'Amboise

Elle se trouvait dans la Tour de Beurre.

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Tour de Beurre

Jeanne

Elle provenait de la collégiale Saint-Barthélemi de Lièges.
Elle avait été achetée par le cardinal Cambacérès en 1810.
Elle avait été fondue vers 1400 par Jean de la Benta. Refondue  et augmentée en 1780 par Le fondeur liégeois Chaudoir.
Elle portait l'inscription :
" Anno Dni. MIIII. Joanes de Benta me fecit. Capitulum vero anno MDCCLXXX ut liquarer ac augerer curavit "
Elle pesait environ 2.000 livres.
 

Tour Saint-Romain

Petite-Marie

Elle n'a rien à voir avec les cloches anciennes portant le même nom.
Elle avait été achetée par le cardinal Cambacérès en 1810.
Elle provenait de la collégiale Saint-Barthélemi de Lièges.
Elle portait l'inscription :
" TrInI Præpositus DeCanVs CapItVLVM CVI sIt LaVs CoMItI De roVgrace eXIn aCCessIt LaVs tIbI De MVno penDVLa sIC sVrgo graVIor VoCLtata Maria.
Chaudoir me fecit 1774 "
(Vous trois, le prévôt, le doyen, le chapitre. Honneur à celui-ci et au comte de Rougrave; honneur aussi à toi de Muno.
Ainsi (par eux) cloche appelée Marie, je renais plus pesante qu'auparavant
"
Les lettres en majuscules répètent la date de 1774.
Elle pèsait environ 1.400 livres
 

Tour Saint-Romain

Henriette-Caroline

Monseigneur de Croy, archevêque de Rouen voulut compléter la sonnerie de la Tour Saint-Romain. Le roi donna 6.000 fr, la fabrique à peu près la même somme.
Elle avait été fondue en 1825 par MM. Le Maire et Cartenet  et livrée le 11 avril de cette année.
Elle portait l'inscription :
"D. O. M. Ad pristinum primar. Roth. Ecclesiæ decus revocandum et cœtum populi fidelis congregandum anno salutis MDCCCXXV ipso Jubilæi gen. in Urbe nondùm in orbe promulgati, die 30 Martii, Carob decimo jàm regnante mox coronando, Leone XII Pont. max., Gust. Max. Justo Principe de Croy, Arch. Roth., hoc fusum est metallum sumptibus et œrario templi factis. Nomen inditum Carolina Ferdinanda ducissa Biturigum Madame celsissimi regis utriusque Siciliæ filia matrina.
M. Desbois fournisseur. L. Maire et les Cartenet, fondeurs, m'ont faite
. "
Elle était décorée dans sa partie inférieure d'une guirlande fleurdelisée. Sur le flanc, un christ surmonté de trois chérubins, les armes de la duchesse de Berry, une statue de la Vierge et une face de saint Romain
Elle pesait environ 4.000 kilos.
 

Tour Saint-Romain

Louis-Marie de Bailleul

Après la fêlure de la Réunie, Monseigneur Blanquart de Bailleul résolut de faire un nouveau bourdon.
En 1850, il confia le travail au fondeur Ernest Bollé, de Sainte-Croix du Mans.
L'opération se fit le 21 décembre 1850. Le métal de la cloche précédente fut augmenté de 1.482 kilos.
La cloche pesait 6.669 kilos.
Elle arriva à Rouen le 6 janvier 1851 et fut bénit le 9 janvier.
Elle avait pour parrain l'abbé Le Coeur, chanoine de la Cathédrale, et pour marraine, la comtesse de la Chastre.
Elle fut mise en branle pour la première fois le 21 février 1851.
Elle portait l'inscription :
" Audite et attendite, populi , de longe.
ISAIÆ , XLIX.
Ann. Dni. 1686. Ex quatuor conflata scilicet Guill. Card. d'Estouteville, Romano, Maria minore et Completorio , vulgo vocabatur Quatr'une, sine la Réunie, et anno 1850 mense dec., piis D. D. Archiep. Rothom. largitionibus aucta pondere, repetitoque conflationis opere, nominor Ludovicus Maria de Bailleul; unanimi cleri populique applausu nomen imposuere venerabilis et discretus vir Antonius Le Cœur, S. theologiœ doctor et professor Ecclesiœque Rothom. canonicus, et nobiliss. dna. Anna Sidonia Joseph Maria de Montmorency, comitissa de la Chastre. "
L'oeuvre parut défectueuse. On se résolut à recommencer la fusion.
L'inscription fut un peu modifiée :
" Audite et attendite, populi, de longe.
ISAIÆ, XLIX, 1.
Loco pristince vocatœ Quatr'une sive la Réunie, ann. D N 1852 mense februarii, piis D. D. Blanquart de Bailleul, Archiep. Rotom. largitionibus conflata, nominor Ludovica Maria, quod nomen imposuere Vnblis et Discr. Vir. Ant. Le Cœur. S. theol. doctor et prof., Ecclesiœque Rotvm. canonicus, et nobiliss. Dna. Anna Sidonia Joseph Maria de Montmorency, comitissa de la Chastre.
Ernest Bollée, fondeur au Mans (Sarthe).

Armes de Mgr de Bailleul. Armes du Chapitre."
Elle servait aussi à sonner les heures grâce à un marteau supplémentaire.
 

 

 

Nicaise ou Maillard

Elle pesait 4 à 500 livres
 

Tour Lanterne

L'Echelle ou Mellon

Elle pesait 300 livres
 

Tour Lanterne

Mortuaire

Elle pesait 200 livres
 

Tour Lanterne

Ouinet ou Ouen

Elle pesait 100 livres
 

Tour Lanterne

La Jeanne d'Arc

Ce bourdon a été voulu par l'archevêque Monseigneur Fuzet en janvier 1913 pour commémorer la canonisation de Jeanne d'Arc. le pape promit 50.000 fr et Mme Ferrère, la marraine promit la même somme.
La réalisation avait été confié à la société Paccard d'Annecy.
En février 1914, un tremblement de terre à Annecy endommagea le moule de la cloche. Une nouvelle coulée se fit le 18 juillet 1914.
L'archevêque décida aussi la création d'un carillon de 29 cloches pour la Tour de Beurre.
La guerre stoppa le travail. La cloche fut réceptionnée le 10 octobre 1918.
Elle était devenue "La cloche de la victoire".
Elle donnait le ré grave.
Son poids était de 20 tonnes, le diamètre de sa base de 3 mètres, ainsi que sa hauteur.
En avril 1920, un accident de transport retarda l'arrivé à Rouen.
Elle portait sur ses flancs plusieurs images johanniques : Jeanne écoutant ses vois, Jeanne guerrière, Jeanne martyr.

Tour Saint-Romain

 

Bibliographie
Eglise cathédrale de Rouen, Dom Pommeraye, 1686, p. 48-51.
Vie du Cardinal d'Amboise, Louis Le Gendre, 1727, p. 270-273.
Essais historiques et anecdotiques sur le Comté, les Comtes de la ville d'Evreux,
Massin des Amands 1815, p. 183-184.
La France Pontificale, Métropole de Rouen, H. Fisquet, 1815, p. 131.
Description historique de la cathédrale de Rouen, P.-M. Gilbert, 1837, p. 165, 166.
L'inscription de la Petite-Marie, La Semaine Religieuse, 6 mars 1869, p. 9-11.
La Cathédrale de Rouen au XVIe siècle - Le bourdon Georges d'Amboise,
La semaine religieuse, 26 mars 1870, p. 80-87.
La cathédrale de Rouen
, Julien Loth, 1879, p. 116
Tombeaux de la Cathédrale de Rouen, A. Deville, 1837. Réd Bousquet, 1881, p. 162-163.
Cathédrale - Ses cloches en 1500, Abbé Tougard, Bulletin de la C.D.A., 1897-1899, p. 377-385.
Les cloches des églises de Rouen
, Julien Loth, 1903.
Réception de la cloche "Jeanne d'Arc" à Annecy, Bulletin Religieux, 07/12/1918, p. 886-887.
La "Jeanne d'Arc" et le Carillon de la Victoire, Bulletin Religieux, 17/04/1920, p. 369-373.
La "Jeanne d'Arc" et le Carillon de la Victoire, Chanoine Jouen, Bulletin Religieux, 24/04/1920, p. 399.
La "Jeanne d'Arc" et le Carillon de la Victoire, Bulletin Religieux, 01/05/1920, p. 418-419.
Quelques mots sur la cloche "Georges d'Amboise" de la Tour de Beurre, Chanoine Jouen, Bull A. M . R., 1914-1920, p.16; 1920-1921, p. 1.
Cloches et Clochers, Chanoine Jouen, Précis de l'Académie, 1921, p. 135.
De la Marie d'Estouteville à la Georges d'Amboise. Lucien-René Delsalle, Bull. A. M. R., 1999, p. 41.


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