L'époque contemporaine

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la plupart des cimetières étaient situés au cœur des villes. C'est à l'époque de Louis XVI que les progrès de l'hygiène firent évoluer les choses. Un édit royal du 19 novembre 1776 décida de la suppression de tous les cimetières dans les villes.
Mail il fallait que chaque parlement régional accepte l'édit. Celui de Rouen ne le fit, après bien des tergiversations, que le 7 août 1780.

Les cimetières furent donc exclu de la ville. On retint six cimetières :


Localisation des cimetières avant la Révolution sur un plan de 1782

Au cours du XIXe siècle, certains cimetières vont disparaître. D'autres vont se déplacer. Un cimetière particulier va être créé : le cimetière Monumental.


Localisation des cimetières à la fin du XIXe siècle sur un plan de 1899

 

1 - Le cimetière de la Jatte (puis du Nord)

Il était situé au-dessus des boulevards (les anciens fossés de la ville), à côté de la place du Boulingrin.
Il tirait son nom du vallon qui se trouvait au-dessus. Il avait une superficie de 2,72 ha.
Désaffecté en 1890, il a été utilisé jusqu'en 1895. Sur son emprise, on a prolongé le boulevard qui mène au cimetière Monumental et créé la rue Dieutre.
 
              Stèles provenant du cimetière de la Jatte


Le cimetière de la Jatte (plan de 1813) 

La création du cimetière du Nord avait été décidée par un décret de 1878. Il a été ouvert en 1880. Il est situé au sud est du cimetière Monumental et à une surface de 7 ha.


Cimetière du Nord (plan de 1899)


Le cimetière du Nord

 

2 - Le cimetière Beauvoisine

Il était situé au-dessus de la place Beauvoisine, près de l'ancien Champ du Pardon, le long de la route de Neufchâtel.
Il a été aussi appelé, cimetière de Lille ou de Saint-Romain. il était destiné aux paroisses Saint-Godard, Saint-Patrice et Saint-Romain. sa superficie était de 1,11 ha.
 Il n'a duré qu'un siècle. Créé en 1783, il a été désaffecté en septembre 1883 et fermé définitivement en 1893. A son emplacement a été créée la rue Ricarville. A cet emplacement s'installera le Grand Séminaire, devenu l'Espace du Moineau.


Cimetière Beauvoisine (en haut, à gauche) sur un plan de 1813

 

3 - Le cimetière Saint-Maur

C'est le seul cimetière antérieur à l'édit royal qui a été conservé après 1780. Il se trouvait en dehors de la ville, au nord du boulevard de la Marne.
Il recevait les morts de l'Hôtel-Dieu, acheté à cette fin par l'établissement en 1462. On l'a longtemps appelé le Cimetière des Pestiférés. Un arrêt du Parlement de 1622, le qualifie de Charnier Saint-Maur. Au pied de la croix, au centre du cimetière, on avait inhumé 19 capucins morts de la peste en 1622-24.
Il contenait trois chapelles (Saint-Nicolas, Saint-Etienne, des Trépassés ou de Saint-Lazare). Les vitraux de celle des Trépassés, démolie en 1820, ont été transférés dans l'église Saint-Romain.
Il continua a être utilisé jusqu'à la fin du XIXe siècle. sa superficie était de 1,05 ha. Il a été complètement abandonné en 1883 et loti.


Plan Gomboust (1655)


Plan de 1813

 

4 - Le cimetière Saint-Gervais

Ce cimetière était situé au nord de l'église Saint-Gervais, le long de la route qui menait au Mont-aux-Malades (Mont-Saint-Aignan) Il avait servi à l'usage de cimetière dès l'antiquité. Le cimetière avait été établi en 1780. Il accueillait les dépouilles des paroissiens de l'ouest de la ville (Cathédrale, Saint-Vincent, Sainte-Madeleine).
Il a été agrandi en 1859 grâce au don de 36 acres de terrain par MM. Curmer, Keittinger-Turgis et Delanos. Il avait une superficie de 2,2 ha.
Le cimetière Saint-Gervais a été désaffecté en 1883 et fermé définitivement en 1895. Il a été transféré plus loin : le cimetière de l'Ouest. Il en restait une croix de fonte qui avait été réédifiée en 1897 aux abords de l'église. A son emplacement, on traça trois nouvelles rues (rues Thomas-Dubosc, Louis-Thubeuf et Claude-Groulard)


Cimetière Saint-Gervais (plan de 1782)

Le cimetière de l'Ouest

Il a été ouvert en 1883, en vertu d'un décret d'utilité publique de 1878. Il a une surface de 8 hectares. Il est destiné à accueillir les sépultures des habitants des paroisses de l'ouest de la ville (Saint-Vincent, la Madeleine, Saint-Gervais, Saint-patrice, Saint-Godard, Saint-Romain, Sacré-Cœur, mais aussi de l'Hôtel-Dieu et de la Morgue. Il contient un cimetière militaire et quelques tombes de victimes de bombardements de la seconde guerre mondiale.


Le cimetière de l'ouest


Cimetière de l'ouest (plan de 1899)


Image Google earth

 

5 - Le Cimetière Saint-Maclou (ou du Mont-Gargan)

Situé à la base de la Côte Sainte-Catherine, il était l'héritier de l'Aitre Saint-Maclou. Il était destiné à recevoir les défunts de ce quartier populaire aux nombreux habitants. Il a pris au XIXe siècle le nom de cimetière du Mont-Gargan du nom du quartier où il se trouve. Créé en 1780, il avait une superficie de 3,30 ha. Il existe toujours. Il a été agrandi en 1861. En 1883, il a été affecté à la sépulture des malades décédés à l'Hôpital Général.


Cimetière du Mont-Gargan (pal de 1899)


Le cimetière du Mont-Gargan

 

6 - Le cimetière Saint-Sever

C'est le plus voyageur des cimetières de Rouen.
Il y eut tout d'abord un cimetière au sud de l'église Saint-Sever. En 1726, on y fit 21 inhumations. Les chicanes entre confréries furent à l'origine de quelques incidents en 1760.
Après 1780, il a été déplacé plus au sud, le long de la route des Chartreux (rue Saint-Julien actuelle), près du manoir de Saint-Yon (maison mère des Frères de Ecoles Chrétiennes, devenu ensuite Ecole Normale de garçons). Le cimetière était aussi affecté à la paroisse Saint-Martin-du-Pont. Entouré d'un mur de pierre de près de deux mètres cinquante de haut, il accueillait à la fin du XIXe siècle environ 150 corps par an et avait une superficie de 2,53 ha.
L'urbanisation du quartier à la fin du XIXe siècle et la construction de l'église Saint-Clément l'ont repoussé à nouveau, au sud du jardin des plantes. Le déplacement avait été décidé en 1851 et c'est en juillet 1855 qu'il avait été ouvert. Il avait une superficie de 2,5 ha.
Les progrès de l'urbanisation dans ce secteur fut à l'origine d'un nouveau déplacement en 1909 (délibération du Conseil Municipal du 26/02/1806), beaucoup plus lointain cette fois, près du rond-point des Bruyères, boulevard Girardin, où il se trouve toujours. Il a une superficie de plus de 6ha.
Lui a été adjoint lors de la première guerre mondiale un cimetière militaire anglais accueillant les dépouilles des soldats anglais décédés dans les hôpitaux de Rouen.


Cimetière Saint-Sever sur le plan de 1782


Nouveau cimetière Saint-Sever sur le plan de 1899


Le cimetière Saint-Sever actuel, à Petit-Quevilly

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