Les Projets

Les premiers projets d'établissement d'un chemin de fer entre Paris et Rouen sont antérieurs à l'ouverture de la ligne de paris à Saint-Germain en Laye.
 


Navier

En 1825, l’ingénieur Claude-Louis Henri Navier, établit un premier projet. La ligne doit suivre la vallée de la Seine. La traction aurait été assurée par des chevaux.
Un autre projet utilisant le même axe avait été développé par un ingénieur anglais, Sargent et soutenu par une compagnie de la même nationalité.
Un peu plus tard, en 1829, Marc Isambart Brunel proposa lui aussi un projet.
En 1832, c'est un projet soutenu à la Chambre par Lamartine qui vit le jour.
Ces projets n'aboutirent pas su fait de la concurrence de la navigation fluviale et des oppositions diverses, en particulier celles de la Chambre de Commerce de Rouen qui craignait la perte d'activité de son port.
 


Brunel

Alors que la ligne de Paris à Saint-Germain en Laye était en construction, on reprit les projets. Mais le gouvernement hésitait. En particulier, il désirait garder la maîtrise sur la mise en place de ces voies de communication qui devenaient de plus en plus stratégiques.
 
Le projet par les plateaux

En 1837, l'ingénieur Antoine-Joseph-Chrétien Défontaine publiait un "Mémoire sur le projet d'un chemin de fer de Paris à Rouen, au Havre et à Dieppe" (Paris, Imprimerie Royale, 1837). Il développait son projet présenté en 1835.
Il était prévu de passer par les plateaux, avec des embranchements vers Rouen, Louviers, Elbeuf, Dieppe. Il devait traverser les plateaux du Vexin puis du pays de Caux, en passant par Gisors.


Projet par les plateaux modifié en 1838

C'est sur ce projet que c'était constituée une compagnie menée par Jean-Jacques-Adolphe Chouquet (banquier au Havre) et Auguste-Stanislas Lebobe (membre de la Chambre de Commerce de Paris) soutenue par les banquiers Aguado (un hôtel de Dieppe porte son nom) et Humann, ainsi que d'importants financiers comme le comte Roy.
Le projet est modifié en septembre 1836 pour tenir compte des formulations des Ponts et Chaussées, en particulier le passage de la ligne principale par Rouen.
Ne se soudant pas au Paris - Saint-Germain, il nécessitait la création d'une nouvelle gare dans Paris, rue Lafayette.
 
Le projet par la vallée de la Seine

Une projet de création progressive d'une ligne par la vallée de la Seine est présenté en juillet 1835 par Didier Nicolas Riant, notaire à Paris et Conseiller Général de la Seine, associé au banquier Jacques Laffitte et à Jourdan, ancien directeur de la Caisse du trésor Public, Marc Tessier banquier à Genève, du marquis de Praslin, du comte d'Harcourt,...
Le projet a été présenté au gouvernement le 5 janvier 1836. On devait débuter par la liaison Paris-Poissy puis, par cinq tronçons successifs aller jusqu'à Rouen et au Havre.
 


Tracé par la vallée de la Seine (Réalisé)
 

Les études ont été réalisées par les ingénieurs Antoine-Rémy Polonceau et Jean-Baptiste Charles Bélanger.
Des débats

Les deux projets sont soumis à l'enquête, en particulier auprès des Chambres Consulaires. Le projet par les plateaux en septembre 1835, celui par la vallée au début de l'année 1836.
Les critiques sont nombreuses.
La Chambre de Commerce de Rouen se montre hostile pour plusieurs raisons : peur que le tracé des plateaux concurrence son activité portuaire, risques pour le développement en cours de la batellerie sur la Seine. En tout état de cause, elle préfère le tracé par la vallée qui la dessert directement.
Les Chambres de Commerce du Havre et de Dieppe préfèrent le tracé par le plateau qui les met plus rapidement en relation avec le Havre et qui laisse de côté Rouen. Elles s'inquiètent de ce que la trajet par la vallée mette le débarcadère de Rouen à Saint-Sever, pratiquement au niveau du fleuve, rendant difficile l'accès au plateau, et de là, à leurs villes.
Au total, 16 chambres de Commerce sur 19 se prononcent pour le projet par la vallée.
En novembre 1836, l'administration soumet le projet des plateaux modifié à une enquête. La commission a été assez étrangement constituée. Elle comporte le banquier havrais A. Lebobe et un filateur de Gisors, Sanson-Davillier, parties prenantes dans le projet ! A force de pressions, l'administration obtient un avis positif. L'avis des commissions départemental est moins net. Trois approuvent unanimement (Seine, Oise et Seine-et-Oise), une est partagée (Seine-inférieure), une contre (Eure)
Le Parlement est appelé à en débattre. Un premier projet par les plateaux avait été déposé le 2 avril 1835. Il ne sera pas présenté en séance. Un deuxième projet est déposé le 9 mai 1837. Le choix de la ligne est laissé au concessionnaire. Là aussi, le projet ne dépassera pas le niveau de la commission. Un mois plus tard, un troisième projet est déposé (le 3 juin) Là encore, on ne tranche pas entre les plateaux et la vallée. Il est prévu de pouvoir adjuger seulement la section paris-Rouen, si aucune compagnie ne se présente pour prendre la totalité du trajet. Encore une fois, le projet n'atteint pas l'inscription en séance. Le quatrième projet, le 15 février 1938, est rejetté en séance, les députes ne pouvant s'accorder sur le mode de réalisation par l'Etat ou par des compagnies privées.
Le cinquième projet, déposé le 26 mai 1838. Le trajet a été modifié par rapport au projet d'origine. La ligne principale passe maintenant par Rouen. La loi est votée le 6 juin 1838.
Les travaux ont débuté du côté du canal Saint-Martin, à Paris. Mais une crise économique et financière frappe le pays fragilisant la compagnie.
Après une demande de modification du cahier des charges en juin 1939, la concession fut résiliée par la loi du 1er août 1839.
 

Le projet définitif
Le septième projet sera le bon.
Le 6 mai 1840, sous la conduite des banquiers Charles laffitte (1803-1875) et Blound (1809-1905), une nouvelle compagnie dénommée Compagnie du chemin de fer de Paris à Rouen, au capital de 36 millions qui vient de se former obtient la concession pour 99 ans de la ligne Paris à Rouen. La comte Jaubert en a été nommé directeur.
Le capital est assuré pour moitié par des investisseurs anglais, intéressés par la perspective d'une jonction avec leur propre réseau.
Le projet est déposé le 23 mai 1840. La loi est adoptée et est publiée au Bulletin des lois le 15 juillet 1840.

Charles Laffitte

Edward Blount

Comte Jaubert