Histoire des stalles

Les stalles du XVe siècle
La guerre de cent ans terminée, les chanoines entreprirent de faire reconstruire les stalles du chœur de la cathédrale certainement victimes d'un manque d'entretien pendant les hostilités.
Ils se trouvèrent confrontés à un premier problème : le manque de main d'œuvre qualifiée.
la première opération consistait à trouver un maître d'œuvre pour ce travail. En 1449, ils commencèrent des négociation avec un huchier bas-normand nommé Jacques Barbelot. Ils lui signèrent un contrat en mars 1451, mais il mourut à la fin de l'année. En 1453, un nouvel architecte nommé Laurent fut désigné. Celui-ci disparut rapidement. On se tourna alors vers un nommé Philippot Viart qui fut nommé officiellement en 1457 maître de l'œuvre des chaires.
Mais les ouvrier restaient rares en Normandie. On fit donc appel à des horsains qui furent logés dans l'hôtel du Doyen, sur la paroisse Saint-Maclou. On fit une véritable campagne de recrutement, pour les faire venir. On alla jusque en Flandres.
Les travaux commencèrent dans un atelier situé dans la cour de l'hôtel du Grand Doyen. Certains sculpteurs devaient travailler dans leur propre atelier.
En 1463, les chanoines n'étaient plus satisfait de l'avancement des travaux. Les huchiers, payés "aux pièces" n'y mettaient peut-être pas l'entrain souhaité. On fit appel à la justice. Deux ans après, on n'avait toujours pas beaucoup avancé.
En 1466, on commença à installer des stalles dans le chœur. En 1467, on commença les travaux de pose. Toutes les sculptures n'étaient pas terminées. Les chanoines perdirent patience et firent de nouveau appel à la justice chassant les huchiers de l'atelier et licenciant le maître d'œuvre.
On fit appel à un nouveau maître, Pierre Rémond, originaire de Cambrai qui prit les choses en main le 1er février 1468. Il recruta de nouveaux huchiers. L'effectif atteignit 22 personnes dès le mois de juillet. Le travail avança plus vite. On fit même des heures supplémentaires. cela permit de mettre en place les stalles du côté gauche du chœur. On entreprit en juin la pose des stalles du côté droit.
Les stalles furent définitivement achevées en 1471. Il avait donc fallu quatorze années de labeur pour en venir à bout.
 

La chaire archiépiscopale
En 1459, on avait décidé de construire une nouvelle chaire pour l'archevêque. Elle devait être payée par Guillaume d'Estouteville. On se contenta d'abord de quelques réfections de l'ancienne. En 1466, on demanda à Laurent Adam de prendre en main ce chantier.
Les huchiers travaillèrent dans la loge des maçons . Ils étaient peu nombreux (6 à 10). Le travail était terminé en mai 1470.
 
La réforme
Si on en croit François Farin, il ne semble pas que les stalles aient souffert lors des exaction des réformés en 1562
 
Les modifications du XVIIIe siècle
La décision du chapitre de remplacer le jubé gothique par un jubé classique, prise en 1772, amena la suppression de quelques stalles en retour (peut être huit), à l'ouest pour ouvrir une vue plus large depuis la nef. C'est certainement à cette époque que les dorsaux et les dais qui les surmontaient ont été démontés.
La chaire archiépiscopale qui ressemblait à un trône a été détruite en 1793.
En 1803, la construction d'une nouvelle chaire pour le cardinal Cambacérès amena la suppression d'une stalle à l'extrémité est des rangs du sud inférieur (une stalle avait été cachée par l'imposant meuble).
 
Les destructions de 1944 et 1999


Cliché A. Chauvel

Le bombardement du 19 avril 1944 faillit être fatal à toute la cathédrale. Une bombe tombant dans le chœur n'explosa pas mais provoqua des dégâts au niveau du mobilier. Un autre frappa de plein fouet la pile sud-est du transept. C'est elle qui provoqua le plus de dégâts dans les stalles situées de ce côté. Cinq stalles furent complètement détruites, quatorze autres nécessitaient d'importantes réparations.
L'ensemble des stalles subit un réaménagement. Le retour à l'entrée du chœur a été supprimé. Il y a maintenant deux rangées droites. Quelques miséricordes ont été déposées à l'Archevêché.
Lors de la tempête du 26 décembre 1999, la chute d'un clocheton de la Tour lanterne provoqua la mutilation de huit d'entre-elles (trois au nord, cinq au sud). Elles sont maintenant réparées.

© Copyright Jacques Tanguy, décembre 2014