La Chambre de Commerce de Normandie (1703-1791)


Edit de création de 1703

Le 30 août 1701, le Conseil du Roi décida la création de Chambres de Commerce dans dix villes, dont Rouen, à l’image des Chambres créées antérieurement à Marseille et Dunkerque.
Le 19 juin 1703, un arrêt du Conseil d’Etat établissait à Rouen une Chambre de Commerce pour la province de Normandie.
Ce fut autour de la juridiction consulaire que s’organisa la nouvelle structure par adjonctions de marchands et négociants aux prieur, juges consuls et procureurs syndics.
Les vieux locaux de la rue de l’Estrade menaçaient ruine et, de plus, étaient inadaptés aux nouveaux services. On avait bien acheté quelques propriétés tout au long de la rue de l’Estrade, mais cela ne suffisait pas. A la demande du Prieur et des Consuls, un édit du 22 octobre 1733 autorisa démolition et construction nouvelle. Le Roi avait envoyé son architecte, Blondel. On démolit l’ancien palais, on expropria les constructions qui se trouvaient derrière et on éleva le Palais des Consuls qui subsista jusqu’en 1944.
L’institution se dota de moyens de financement en obtenant la ferme de la perception des droits d’entrée des marchandises dans la ville. Ce droit d’octroi servira aussi pour financer des choses bien éloignées des buts de la Chambre de Commerce (paiement de fêtes, et jusqu’à la construction d'un autel de la Cathédrale).


Palais de l'architecte Blondel

Les fonctions de la Chambre de Commerce de Normandie étaient :
La représentation : Elle élisait et appointait le représentant de la province au Conseil royal de Commerce (puis Bureau du Commerce). Le premier fut Nicolas Mesnager qui fut aussi l’un des plénipotentiaire chargés par le roi de négocier la paix d’Utrecht. Elle intervint auprès des pouvoirs sur de nombreux sujets, en particulier sur l’organisation du commerce et le traité de commerce avec l’Angleterre.
Le contrôle : Par l’intermédiaire de l’Inspection des Toiles en particulier, elle veillait à la qualité des productions.
La dynamisation : Elle régularisait le commerce et contribuait à son développement en suscitant des activités nouvelles. Elle subventionnait les inventeurs, travaillait au développement du port, à l’aménagement du chenal de la Seine et même à la construction de phares sur le littoral de la Manche.

      Tableau de Schopin

Jeton de 1712


 

La Chambre de Commerce et les Phares


Le phare de Gatteville

Fidèle à sa vocation de développer le commerce, la Chambre de Commerce de Rouen fut amenée à s’intéresser aux outils de la navigation, pas seulement pour les accès à Rouen, mais pour toute la province de Normandie.
Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, le balisage des voies de navigation resta sommaire. Notre région ne connaissait pas les phares (il n’y en avait que quelques uns sur les côtes de l’Atlantique).
En 1765, elle proposa ses services pour la construction de quatre phares (Gatteville près de Cherbourg, La Hève près du Havre, Ally près de Dieppe).
Le projet n’était pas des plus faciles, les oppositions étaient nombreuses. Certains milieux consulaires avaient peur que leur coût pèsent lourdement sur le commerce, l’Amirauté voyaient d’un mauvais œil les « civils » gérer le personnel de ces installations.
Grâce à l’appui du Duc de Choiseul, un arrêt du Conseil d’Etat autorisa en 1773 la Chambre de Commerce à lancer la construction, financée en particulier par la caisse de l’Octroi des Marchands. L’exploitation fut financée par une taxe modique sur les navires fréquentant les ports.
La première solution d’éclairage retenue était des brasiers de charbon de terre. Bien vite on s’aperçut qu’elle était coûteuse et peu pratique. En 1780, une nouvelle solution fut trouvée. C’était le réverbère Sangrain, utilisant de l’huile à la place du charbon.
La Chambre de Commerce conserva la gestion du service des phares jusqu’à la Révolution. Elle transmit alors ses responsabilités au directoire du département nouvellement créé.

Les phares d'Ailly

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