Bénédictines
de Bellefond (Notre-Dame des Anges) |
|
Le
monastère des Bénédictines avait initialement été établi
sur la rive gauche de la Seine,
rue d’Elbeuf, de 1648 à
1650. Il était placé sous la direction d’une prieure. Il
fut transféré en 1650
dans la rue
Beauvoisine grâce à l’intervention d’Anne d’Autriche.
C’est là qu’il fut appelé le couvent de Bellefonds.
La prieure Laurence de Bellefonds laissa, à
Rouen, le souvenir d’une femme intelligente, cultivée,
dévouée et charitable. Elle fut “pleurée à la cour et
dans tout le royaume”. Eléonore de Bellefonds, sa
petite-nièce, lui succéda en 1684 et resta à la tête du
monastère jusqu’en 1700. C’était la fille du maréchal de
Bellefonds. Jeanne de Bellefonds, sa nièce, après avoir
résidé 44 ans dans le monastère, disparut le 12 avril
1694. |
Tout n’allait
pas pour le mieux. Au début du XVIIIe siècle,
l’abbé de Saint-Pierre, neveu de Laurence de Bellefonds,
fut obligé d’aliéner certaines de ses ressources propres
en faveur de ce monastère aux revenus amoindris.
En 1742, les religieuses du monastère supprimé du
Val-de-Grâce de Rouen choisirent de rejoindre celles de
Bellefonds.
Les bâtiments occupaient une surface d’a peu près 6.000 mètres carrés
dans la partie haute de la rue Beauvoisine. Ils
formaient un quadrilatère de construction entourant un
cloître. Au nord, un édifice reconstruit au XVIIIe
siècle servait de noviciat et de chapitre. A l’ouest, se
trouvait le bâtiment principal. Il abritait la
communauté. L’église occupait le flanc sud. Son chevet
donnait sur la rue Beauvoisine. Le long de cette rue se
trouvait la sacristie et le logement du sacristain qui
fut remplacé en 1787 par un immeuble de rapport qui
donne toujours sur la rue.
Au sud de l’église, autour d’une autre cour,
s’étendaient les bâtiments de l’école et du pensionnat.
A l’est, de l’ensemble, des jardins en terrasses occupant tout
l‘arrière-rempart.
La
construction de l’église conventuelle fut entreprise dès
1674, et terminée trois ans plus tard. Les plans en
avaient été dressés par l’architecte Le Carpentier. Elle
avait la forme d’une croix latine et mesurait 42 mètres
de long, 11 mètres de large et 22 mètres de haut. Elle
était considérée à son époque comme l’une des plus
belles des monastères de la ville. Elle fut consacrée le
22 mai 1677 et dédiée à Notre-Dame-des-Anges. Un décor
esthétique fait de pilastres crénelés en agrémentait
l’intérieur.
La communauté religieuse fut supprimée en 1792.
L’église, le mobilier, l’orgue furent alors détruits. Il
ne subsiste qu'une bien faible partie du mur de chevet
de l’église conventuelle insérée entre deux immeubles de
la rue Beauvoisine, pratiquement en face de la petite
rue des Carmélites.
Des vestiges du monastère étaient restés visibles dans
la cour de l’ancienne maison de Bellefonds qu’occupèrent
par la suite des Frères des Ecoles Chrétiennes. Ceux-ci
y installèrent durablement leur nouvelle communauté
rouennaise, après avoir quitté leur Manoir de St-Yon.
Les lieux sont devenus ensuite le collège privé
Bellefonds, fondu depuis 2009 dans l'institution
Jean-Paul II. Les locaux de la rue Beauvoisine ont été
cédés pour être transformés en un ensemble immobilier de
29 logements. |
|
Plan Zeller (1655) |
|
Clergé |
En 1770, le clergé se composait de 25 personnes :
15 religieuses-professes
2 novices
8 sœurs
3 chapelains et 1 confesseur
En 1723, les revenus de la communauté étaient de 3 184 livres.. |
|
Mobilier |
L’architecte rouennais Jean-Claude Defrance réalisa à la fin du
XVIIIe siècle, une magnifique contretable pour l’église
du couvent. |
|
Tableaux |
Un élément d'un retable est attribué à Jan van Coninxloo II est conservé
au Musée des Beaux-Arts de Rouen. Il représente la Circoncision.
Au revers saint Jean-Baptiste présente le donateur. Le
retable devait comporter six panneaux. Nous n'en possédons que le
panneau central.
Il
provient d'une saisie révolutionnaire.
Un autre tableau provenant du monastère est maintenant dans celui
des Bénédictines du Saint-Sacrement.
Il représente Saint Benoît présentant la règle de son ordre. |
|
|
Orgues |
Pendant
trois quarts de siècle, l’orgue à douze jeux commandé par Eléonore
de Bellefonds au facteur Robert Ingout (et que dut entretenir Martin
Ingout, son fils) rehaussa la beauté des offices des Bénédictines et
leurs chants liturgiques. En 1750, un autre facteur d’orgues
rouennais, Jean-Baptiste-Nicolas Lefebvre, en augmenta seulement les
jeux. Toutefois, le buffet n’en fut pas sculpté, faute d’argent.
|
|
Chapelle du
collège Bellefonds |
|
Au XIXe siècle, lorsque les Frères des Ecoles Chrétienne
s'installèrent dans l'ancien prieuré, ils utilisèrent une chapelle
provisoire située dans les combles du logis.
devenus propriétaires, ils transformèrent l'ancien noviciat en
chapelle. Elle a été inaugurée en 1892. |
|
Décor |
Des peintures murales avaient été exécutées
par des Frères provenant d'autres écoles de la congrégation.
Au-dessus de l'autel, une fresque en arc de cercle
représentait le Christ de l'Ascension entouré de ses
apôtres.
Le plafond à caissons était orné de quadrilobes représentant
des anges portant des phylactères.
Un monument aux élèves, anciens élèves et enseignants
morts pendant la première guerre mondiale était apposé sur
le mur nord. |
|
|
|
Vitraux |
Des vitraux réalisés par l'atelier Moïse ornaient les fenêtres.
Ils avaient été offerts par de riches donateurs ou par l'association
des anciens élèves. |
|
|
|
|
Le Sacré
Cœur
L'apparition de Lourdes |
La Sainte
Famille
Le baptême du Christ |
Jean-Baptiste de la
Salle
La Vierge et le Christ enfant |
Saint-Nicolas
L'ange gardien |
|
|
Bibliographie |
Histoire de la ville de Rouen, F. Farin, 3e ed., 1738, t. VI,
p. 414-423.
Abrégé de l'histoire ... de la ville de Rouen, Lecoq de
Villeray, 1759, p. 449-451.
Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de
la France, J. J.
Expilly, Tome VI, 1770, p. 452.
Tableau de Rouen, Machuel, 1777, p. 182.
Description
historique des maisons de Rouen, E. de la Quérière, 1821, p.64.
Répertoire
archéologique du départ. de la S.-Inf.,
Abbé Cochet, 1871, col, 386.
L'abbé de Saint-Pierre, G. de Beaurepaire, Précis Acad, 1902,
p. 151.
Le couvent de Belfond, monastère de bénédictines, Ch.
Reneault, Bull. AMR, 1928-1931, p. 16.
Belefond - Le Monastère - L'école, Ch. Renault, 1935.
Albert Geniès 1874-1955, un grand éducateur, R. Allain, Barbier
de la Serre, Ch. Lemozi, 1955.
Rouen aux 100 clochers, F. Lemoine et J. Tanguy, 2004, p. 151-152.
Les dames de Belfond et les sœurs de la Visitation Ste-Marie,
Rouen Lecture, n° 103, 2007, p. 5.
Tableaux
flamands et hollandais du Musée des Beaux-Arts de Rouen, 2009,
p. 198.
Que vont devenir l'ancien couvent de la Compassion et l'école
Belfond ?, J. P. Chaline, Bull. AMR, 2010, p. 52-61.
Rouen Insolite et Secret,
J. Tanguy, T, 3, 2013, p. 22-23. |