MONASTERE DE SAINTE-CATHERINE

 

Sur le rebord du plateau qui avance à l'est vers le cœur de Rouen se trouvait cette importante abbaye qui s'appela l'abbaye de Sainte-Catherine-du-Mont avant de prendre le nom de Sainte-Catherine.
Sa fondation remonte au début du XIe siècle, en 1030. Goscelin d'Arques, vicomte de Rouen, et sa femme Emmeline la dotèrent richement.
Vers 1027 était passé à Rouen un moine nommé Syméon. Il venait du désert du Sinaï et transportait avec lui une relique : le doigt d'une jeune martyre : Sainte-Catherine. Il aurait laissé une parcelle de cette relique au monastère du Mont. Comme toutes les reliques elle possédait des vertus curatives. Elle guérissait les fièvres, les muets et même la stérilité ! Il est facile de comprendre comment elle a pu attirer les pèlerins qui prirent peu à peu l'habitude d'appeler le monastère par son nom : de la Trinité du Mont, il devint le monastère de Sainte-Catherine. La colline changea aussi son nom de Mont-de-Rouen en Colline-Sainte-Catherine.
Cette abbaye était riche. De puissants personnages vinrent y faire leurs dévotions : Philippe le Bel en 1314, Louis le Hutin , Charles V,... Ces visites complétaient l'apport des pèlerins ce qui permit d'étendre les domaines en terres et aussi en moulins, comme le moulin de Caquerel.
L'abbaye était connue aussi par sa culture. Son école était renommée aussi bien pour ses qualités littéraires que pour la musique.
Mais sa position dominant le centre de Rouen en faisait un enjeu stratégique, comme pour le
prieuré Saint-Michel et elle fut fortifiée. On ne sait pas à quelle époque, mais au début du XVIe siècle, Jacques Le Lieur la montre entourée de puissantes murailles.
A coté d'elle un fort fut élevé au XIVe siècle.
La destruction du monastère fut causée par la proximité de ce fort. Henri IV fort rancunier, n'éprouvait que peu de sympathie pour une forteresse qui lui avait résisté et devant laquelle était mort son père. Il était résolu à sa perte. D'un autre côté Charles de Bourbon, archevêque de Rouen et oncle d'Henri IV avait fondé une chartreuse à Gaillon. Eprouvant des  difficultés à la doter, il demanda et obtint l'autorisation d'adjoindre le temporel de Sainte-Catherine à celui de sa nouvelle fondation. C'en était fait de l'abbaye, fusionnée avec Gaillon en 1598. Dès 1594, la confusion "volontaire" de l'abbaye et du fort amena la destruction de la première à la place du second. Les derniers pans de murs s'effondrèrent vers 1870.

     

Bibliographie
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