La Chambre de Commerce

Les deux guerres mondiales

Le début du XXe siècle vit un grand essor du port de Rouen, grâce aux travaux d’aménagement de la Seine au siècle précédent et à un fort développement des installations portuaires vers l’ouest. Une nouvelle dynamique industrielle se créa autour de lui, relayant l’industrie textile qui commençait sa crise.

La première guerre mondiale a amené la Chambre de Commerce de Rouen à exercer de nouvelles responsabilités. Dès le début des hostilités, le manque de numéraire se fit sentir, mettant en danger le commerce et les entreprises. Comme beaucoup d’autres chambres de Commerce, et de concert avec la Ville de Rouen, la Chambre édita des billets de nécessité. Plusieurs tirages furent nécessaires. Deux types de billets furent émis. Le deuxième présentait une vue du Port et du Pont-transbordeur. Des jetons métalliques furent aussi frappées à cet usage.
Surtout, la guerre fit de Rouen une entité économique de premier plan. Pour soutenir l’effort de guerre, de nombreuses industries s’installèrent ou se développèrent (chimie, métallurgie,…). Le port devint même le premier port de France en 1916.

L’entre deux guerres vit d’abord se continuer la prospérité. Mais la crise vint, avec son cortège de problèmes économiques et sociaux.

La deuxième guerre mondiale vint frapper durement la Chambre de Commerce. L’occupation gela complètement l’activité portuaire. Les destructions furent immenses, en particulier en 1944. le port sortit de là dévasté. Tout était à reconstruire. La Seine devait être dégagée de ses épaves, l’équipement reconstitué (il ne restait que 15 grues sur les 137 d’avant guerre !). Le Palais des Consuls lui-même était complètement détruit. Pendant la nuit du 30 au 31 mai 1944, l’incendie avait dévoré l’immeuble et tout ce qu’il contenait.
Un fauteuil et une pendule seuls furent sauvés par le concierge. Du Palais, il ne subsiste que le fronton. Conservé longtemps par l'entreprise Lanfry, il a été remonté il y a peu dans le jardin de l'institution.

Seuls souvenirs du mobilier de l'ancien Palais des Consuls

 

Les Billets de nécessité

Pendant les périodes troublées, la monnaie métallique a tendance à être thésaurisée. L’absence d’espèces métalliques de faible valeur gêne considérablement le commerce et l’industrie à une époque où presque tout est payé en numéraire.
En 1870, une banque privée avait émis des bons divisionnaires. La guerre 1914-1918 vit l’émission par la Chambre de Commerce et la Ville, de billets de 0,50, 1 et 2 F. Deux types se succédèrent, le deuxième montrant une vue du port de Rouen et du Pont Transbordeur. La fin de la guerre n’arrêta pas émission et circulation. En tout, près de 10 millions de F. de bons furent émis en comptant les émissions de remplacements.
Pour palier aux inconvénients (falsification, hygiène), la Chambre de Commerce émit 100.000 jetons de 5 et 10 centimes en 1918. A partir de 1921, c’est au niveau national que les Chambres de Commerce émirent des jetons.

  

Le retrait des billets de nécessité fut effectué en 1925. Il avait été convenu à l’origine que la Chambre de Commerce supporterait tous les risques de l’émission, mais en retirerait tout le bénéfice. L’apurement des comptes permit de disposer d’un bénéfice des plus de 500.000 F. Une partie de cette somme fut remise au Bureau de Bienfaisance de la Ville (134.497 F.) La Chambre de Commerce décida d’utiliser le reste pour la restauration du Palais Consulaire.
Pendant la deuxième guerre mondiale, plusieurs projets d’émission de bons divisionnaires virent le jour à Rouen. Aucun d’eux ne fut exécuté. Les Archives de la Chambre de Commercent conservent toutefois les maquettes de cinq bons qui n’ont jamais été émis.

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